De la peau lithique

Publié le par Pim

Quelques titres de presse peuvent être rappochés pour une compréhension du présent que ... nous construisons.

    - “Afghanistan : les Etats-Unis demandent aux Européens d'intensifier l'effort de guerre." :
 “Jusqu'à présent, seule la France parmi les grands pays européens a paru répondre à l'appel des Etats-Unis, en disant réfléchir à l'envoi de renforts dans le sud de l'Afghanistan. Le président Nicolas Sarkozy pourrait annoncer ces renforts lors du prochain sommet de l'OTAN à Bucarest en avril.
“Comme l'Allemagne, la Pologne qui a déployé 1 100 hommes, s'y est refusée. L'Italie (2 880 hommes) et l'Espagne (740 hommes) n'ont pas répondu non plus. En un an et demi, les effectifs de l'ISAF, la force internationale, sont passés de 16 000 à 43 000 militaires.” (LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 10.02.08)

    - "Israël menace de frappes ciblées les dirigeants du Hamas", désignés comme "terroristes", alors même qu'il s'agit d'un gouvernement élu, mais ayant visiblement le tort d'être résistants aux bontés de la démocratie dominante !...
(LEMONDE.FR avec AFP et AP | 10.02.08 )

    - Dans le fief de Neuilly, après que le baron adoubé soit tombé en disgrâce, ”L'UMP pourrait donc désigner officiellement une nouvelle tête de liste, qui pourrait être (...) Jean Sarkozy lui-même”, fils cadet du président, né en 1987 !... 21 ans, l'âge de la majorité pour administrer la commune de son papa, dans l'esprit d'une bonne gestion ... patrimoniale ?!...

Dans le même temps, le refus par référendum des Français du Traité européen est contourné pour son adoption de force. Les profits n'attendent plus la démocratie.
Les OGM, en dépit des mises en gardes répétées de scientifiques, et refusés pour leur dangerosité par une majorité de Français, voient leur culture “à des fins de recherche ”(comme la chasse à la baleine “à des fins scientifiques” par les Japonais), protégée par le Sénat qui en criminalise la destruction, telle une Inquisition moyen-âgeuse agissant au nom d'une Science décrétée grand-prêtre du marché mondial des biotechnologies, en l'occurrence monopolisé par un ou deux géants de l'agro-alimentaire états-uniens.

Sans doute la 5è République, celle qui jette aujourd’hui ses derniers feux qui l’éclairent toute entière, a-t-elle été inaugurée par un coup d’état militaire, celui d’un général se prévalant d’une “défense de la République” contre un autre coup de force, celui des généraux d’Alger, pour installer un régime qui a tous les attributs d’une dictature, ce après avoir exproprié la Résistance de la place qui lui revenait de droit à l’issue de la guerre.

Mais la question est moins celle-ci que celle de notre temps qui, par sa vacuité même, a laissé venir cet abaissement généralisé qui s'est donné des représentants à sa hauteur, n'en déplaise aux nostalgiques de la version monarchique.
À ce propos, on lira, non sans étonnement, que le quotidien Le Monde se montre encore capable de produire de tels points de vue, celui de Luis de Miranda, "Une civilisation de la fête et de l'oubli" (LE MONDE | 09.02.08), évoquant le rapprochement entre notre société et  la période dont elle est issue, le nazisme des camps :
"si l'on ne se sent appartenir ni à l'humanité qui a produit Auschwitz ni à celle qui s'agite au rythme du fun standard, est-ce à dire que ces deux humanités-là sont toujours la même : une humanité qui préfère ne pas penser et qui taylorise ses crimes comme ses joies ?"

Le monde du show-biz, dont on connaît l'audience, a donné le ton : il suffit d'en être aujourd'hui, fils ou fille de chanteur, comédien, ou quelqu'autre histrion, pour savoir "se produire", chanter ou jouer la comédie.
Au-delà du non-renouvellement du petit personnel politique, et autres acteurs qui s’agitent encore sous les oripeaux de la démocratie, ce fantôme,  tout en installant, désormais sans vergogne, des dynasties,  se passant et repassant les “affaires”, comme ils disent en parlant de la chose publique,  - à l’instar des Poutine, Clinton, Bush, Kennedy, ... -, s’est désormais inscrit dans les mœurs le contournement systématique de la "voix des peuples", au cas où ceux-ci auraient encore quelque chose à dire, voire trouveraient encore le moyen de l'exprimer, ne serait-ce que par l'absence.
Mensonges éhontés, dissimulations, trucages des procédures consultatives issues de la période précédente, telles sont aujourd'hui les méthodes dont usent ceux qui, tout en entendant maintenir l'illusion du "peuple souverain" qui leur confère leur position, s'avèrent de plus en plus incapables de dissimuler qu'ils ne veulent, ne peuvent lâcher le pouvoir à quiconque n'est pas leur clone.

Force de travail dont l’économie avait besoin pour installer ses quartiers, et auquel, conséquemment à ses luttes, a été concédé un simulacre de place, le génant "souverain" est en passe de perdre jusqu’à ce strapontin.
Violence de deux guerres mondiales, expérimentation nazie, poussée à ses extrémités, de la chosification de l’humain, formidable laboratoire dont s’est amplement inspirée l'économie marchande pour y déployer ses logiques de rationalisation, dissimulées, "après tant de haines déchaînées", sous les sucreries du dit “paradis” de la consommation.

Après le biberon, voici le bébé-tétine. On aura remarqué que, très tôt, le jeune "humain" est éduqué à la prothèse qu'il ne quittera désormais plus de sa vie de manque. Les mots eux-mêmes ont pris la tangente, n'appartenant plus à ceux qui auraient quelque chose à dire de leur vie de merde.
Ainsi chosifié, réduit à sa représentation, le "peuple" n’aperçoit plus le politique que comme un distrayant hochet, agité à heures fixes, laissant ses représentations, spécialistes et autres experts de la "chose publique" (res publica), s’occuper de ces affaires d'adultes, auxquelles il n’entraverait que quick et dont il n’a ni le temps, ni l’esprit de s’occuper, pris qu’il est dans des journées de pas moins de quatorze à quinze heures, entre embouteillages, boulot, market et TV obligatoire.

La "troisième voie" est libre, sans voix autre que celle des “affaires (très) privées” de la  “chose (dite) publique”.

Publié dans De la Guerre

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