De la guerre ... sociale

Publié le par Pim

Une illustration de tout ce que nous écrivons ici, à propos de la sympathique société dans laquelle nous avons l'ineffable bonheur de respirer, nous nourrir, faire l'amour et parfois même, faire des petits, qui auront, eux-mêmes, l'ineffable bonheur de ... etc, est ce dernier gadget, apparu sur le marché voici quelques mois, mis au point, comme il se doit, par un grâcieux sujet de Sa Majesté, celle-là même par laquelle notre premier porte-manteaux se fit récemment adouber.

La marchandise est ainsi faîte qu'elle ne pense qu'à elle, se reproduire, se répandre par delà toute frontière, qu'aussitôt elle bouscule, agglomérant ainsi les territoires sous sa férule, pour le plus grand bonheur des hommes qu'elles rapprochent ainsi en un seul et vaste vivier.
Mais, tandis que l'on imagine, à peu près, comment les hommes s'y prennent, on semble moins se préoccuper des méthodes de reproduction de la marchandise. En vérité, le procédé diffère assez peu, si ce n'est que l'enfantement, ici, se fait à partir du cerveau de l'homme ensemencé. Celui-ci met alors au point une machine, si possible infernale, afin de mieux flatter le ressentiment de ses congénères, identifié comme manque et nommé "besoin".

C'est ainsi que germa ce projet d'une marchandise répondant au manque, identifié dans le cerveau d'un bien évidemment grâcieux sujet de Sa Majesté, si sensible à l'insularité, comme un besoin de sécurité : se protéger, ne pas être envahi, colonisé, dénaturé.
Nos sociétés, comme on le sait, chaque jour plus ouvertes, ne subissent-elles pas de plein fouet, les conséquences mêmes de leur propension à l'expansion ? Le risque du mélange les gagne chaque jour, quand, par ailleurs, le goût pour le luxe et la frivolité de nos sociétés d'abondance aura incliné toujours plus leurs habitants à ne pas se reproduire et à rester "entre soi".
Le vieillissement qui en résulte n'est-il pas un fait respectable, qui doit être garanti de ne pas avoir à subir les conséquences d'une grande générosité expansionniste de la civilisation occidentale, dont le modèle fut largement diffusé sur la planète entière comme le seul désirable, source dite inépuisable de richesses et de liberté des mœurs, à la condition sine qua non d'y adhérer sans réserve aucune ?

C'est ainsi que le cerveau de notre bienfaiteur, grâcieux sujet de Sa Majesté enfanta le Mosquito.
Certains esprits chagrins y verront la montagne accouchant d'une souris.
C'est précisément l'inverse. Il s'agit de chasser les souris, ou plutôt, ce qui en tient lieu.

Plus exactement, cette géniale et salutaire invention s'est elle inspirée de l'aversion la plus répandue dans l'humanité occidentale, qui garde en mémoire les ravages de la peste, envers cet exécrable petit rongeur glouton.
L'instrument, déjà utilisé dans l'éloignement des souris de l'univers domestique et de son garde-manger, entend en éloigner aussi cette dangereuse engeance des jeunes se regroupant au bas des cités. Ceux-ci n'ont-ils pas déjà été éloignés du chaleureux foyer familial par les hurlements de la TV éructant les cris d'horreur de l'américaine platinée poursuivie par quelque criminel récidiviste, violeurcommunisteislamiste, ex-agent de la CIA, bien connu du FBI ?
La nouvelle marchandise mise sur le marché ne fait que reprendre à son compte (comme il se doit d'une marchandise qui se respecte) ce qui existe déjà, pour le recomposer, et fomenter ainsi un univers beaucoup plus favorable à l'isolement de chacun.

Pourquoi l'avoir ainsi nommée (et non souriceau, par exemple) ? Il faut y voir une méthode pédagogique : contrairement aux souris, qui ne s'attaquent qu'à notre garde-manger, le moustique est agressif malgré sa petitesse. d'où le nom, sans doute, de cet inséminateur de civilisation, reconnu, à l'usage, plutôt opérationnel ("Un mosquito largua par erreur sa cargaison de bombes sur une école catholique française, et causa la mort de 86 enfants, 10 religieuses, 8 enseignants et 21 civils.").
À l'instar du vampire, la femelle du moustique, après accouplement, se refait une santé en suçant notre sang, provoquant de désagréables démangeaisons, quand elle n'est pas vecteur du paludisme, comme l'est, potentiellement, qui vit sous les tropiques (on ne verra là nulle allusion, bien évidemment ...).
Attirés par les vibrations des ailes d'une femelle en vol, les mâles se mettront à la courtiser. Or, certains sons empêcheraient leur reproduction en provoquant leur dispersion (même si, ainsi que vis à vis des souris, les ultrasons n'ont aucune efficacité prouvée contre les moustiques).

Son appellation en France, rien moins que Beethoven ... dont la traduction phonétique pourrait bien être : le four à taper (à en rendre sourd ...).  Ce compositeur de l'Ode à la joie, repris comme musique de l'hymne européen, aurait apprécié, n'en doutons pas, de voir associer son nom à cet instrument de concert d'un nouveau genre, si insupportable qu'il fait fuir ... ou rend sourd, comme il le devint lui-même sur la fin de sa vie.
Déjà instrumentalisé dans le film Orange mécanique, ce compositeur porte manifestement sur les nerfs, fragiles, des British, qui associent résolument culture et violence (serait-ce là une des conséquences des bombardements de Londres, ou plutôt celle du relativisme culturel des épiciers de la Cie des Indes ?). "La musique adoucit les moeurs" est le slogan publicitaire de cette nouvelle version mécanique de l'animation socio-culturelle de quartier. À bon entendeur ! ... Les "jeunes" de moins de vingt-cinq ans, nous dit-on, peuvent bien devenir sourds, dès l'instant où ils sont "anti-sociaux" (insuffisamment Schilleriens, au sens des Dernières Directives économiques du Gosplan).

Pour mieux se vendre, la marchandise sait adapter ses formulations, sans en négliger aucune, tout en faisant fi des contradictions pouvant exister entre leurs sens. Ici le cynisme le plus abject, dans l'affirmation de la haute valeur ajoutée de la dislocation sociale, côtoie sans vergogne l'affirmation inverse d'une volonté de rétablir du lien social, bien auparavant disloqué par cette même marchandise.

D'aucuns, parmi nos congénères, poussent de petits cris d'orfraie, prétendant faire des rapprochements tapageurs avec une époque où la ségrégation, comme politique d'État, permettait à chacun de revendiquer fièrement son origine, son appartenance, son identité en devant afficher sa couleur sur sa poitrine. "Pour Résister aux idées d'extrême droite portez le pin's Triangle Rouge, symbole des résistants et des prisonniers politiques dans les camps de concentration nazis."  recommandent-ils.
On appréciera diversement, ici, la parodie de ces Français qui, peu au fait, quant à eux, des conséquences de leur geste de bravade ou de défi, crurent bon de porter délibéremment l'étoile jaune dans les premiers temps des rafles de Vichy.
Qui peut encore prétendre qu'à l'ombre de drapeaux (pardon ! de "pin's", c'est plus "jeune") pourrait naître la conscience ? Qui, si ce n'est qui voudrait dénombrer ses troupeaux, au nom d'un vague, très vague front anti-extrême-droite, comme il y eut un Front populaire et son ignominieuse démission historique face au franquistes espagnols, dont l'aboutissement logique devait être la passation des pouvoirs à un Daladier, décidé à « remettre la France au travail », initiateur d'une politique anticommuniste, autant dire l'antichambre d'un Pétain.
Dans un pays où un maire, ayant incité les agences immobilières à dissuader certaines populations à s'installer sur le territoire de sa commune, s'autorise à répondre, en toute bonne foi, qu'"Il ne s'agit pas de racisme. C'est de la politique de la ville" (FR3 Régions 03/04/08), une telle demande ne saurait manquer de retenir toute l'attention des autorités.


Publié dans De la Guerre

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