Émeutes en Grèce (suite)

Publié le par Pim

 L'ordre marchand règne, mais ne gouverne pas.
Que pourrait-il nous apporter, désormais, dans le chaos qu'il a généré partout sur la planète, sinon davantage de destruction, de malheurs et de souffrance ?

L’ORDRE MARCHAND DOIT DISPARAÎTRE.

Il en prend le chemin en Grèce dans les rues et les bâtiments occupés. Une révolution est en marche qui doit s'affirmer en prenant conscience de ses objectifs.

Reste que tout est à faire, non seulement pour eux qui se sont avancés sur ce chemin, mais surtout pour nous, qui devons les y rejoindre. Faute de quoi le mouvement grec restera lettre morte, dans la veulerie et l’inconscience de tous ces damnés de la terre qui ont l’audace de DÉCOUVRIR la vertu de ce qu'ils appellent la solidarité quand leurs seuls intérêts immédiats seraient en jeu.

Déjà les dirigeants de ce monde à la dérive mesurent l’ampleur du risque grec et de sa propagation. L’État français vient de reculer sur la réforme des lycées. Mais cela n’est guère qu’une gestion du risque, en attendant des jours plus propices escomptés dans la suite d’un isolement de ce mouvement.
En Grèce même, sachant que, selon le mot de Saint-Just,  "ceux qui font des révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau", les émeutiers doivent se donner les moyens de franchir la passe d’une grève générale illimitée, auto-organisatrice de ses objectifs dans le cadre d'assemblées décisionnaires et coordonnées ne tolérant AUCUN POUVOIR QUI LEUR SERAIT EXTÉRIEUR.

Ce gouvernement assassin, qui a non seulement entretenu un climat tel dans le pays que ses flics ont pu se croire autorisés d’y instaurer une justice expéditive d’exécutions sommaires, mais qui ne sait pas même assumer ses responsabilités et préfère lâcher quelques miettes devant l’ampleur du mouvement, pour seulement SE MAINTENIR,  n'hésite pas, ici comme ailleurs à utiliser le mensonge comme arme des pouvoirs aux abois :

"La radio nous annonce ce matin que l’examen balistique est terminé et que le scénario “ricochet” est maintenant officiel.(...).il est extrêmement peu probable que cela soit la vérité. Selon des témoins oculaires (y compris l’ami d’Alexandre), le flic tueur a tiré droit sur lui.

(…) Un porte-parole du gouvernement a qualifié hier l’occupation de la télévision nationale grecque de “tentative de renversement de la démocratie”. L’action a également été condamnée par le Parti Communiste Grec (KKE)."

Les patrons et leur État ne peuvent guère donner plus, mais ON PEUT SE PASSER DES PATRONS et de l'État.

 Ce qu'impose l’ordre marchand, c’est l’esclavage à ses rouages, que tout roule, afin que chacun consomme le sommeil marchand dans la paix des bombes, le silence des usines, l'eau et l'air purs des déchets nucléaires et chimiques, le goût incomparable d'une nourriture frelatée, la douce prison du vivre à l'abri (dit-on) de portes blindées et autres vitres pare-balles.
Sa disparition est la réalisation de l’art et de la philosophie, la naissance du sujet de l'Histoire, la liberté que chacun en soi anéantit pour se plier aux contraintes d’une réalité toujours plus irréelle, éloignée et hallucinante, toujours plus hostile et péniblement vécue.
Faute de cette disparition, ainsi qu’en 1968, il faut s’attendre à un retour à toutes les familles, à tous les mensonges, à toutes les prisons.


Ainsi que le rappellent les textes traduits sur le site de Martin (que nous remercions ici pour l’envoi de son commentaire),
    - “dans la destruction et le pillage des rues de nos villes de lumières nous ne voyons pas seulement les résultats de notre rage, mais aussi la possibilité de commencer à vivre. Nous n’avons plus rien d’autre à faire que de nous installer dans cette possibilité pour la transformer dans une expérience vécue : (...) notre pouvoir de matérialiser nos désirs, notre pouvoir non pas de contempler mais de construire le réel. Ceci est notre espace vital. Tout le reste est mort.
Voilà le dilemme : avec les insurgés ou bien seuls, chacun de notre côté. Et c’est maintenant l’un des très rares moments où un tel dilemme peut prendre corps de manière si absolue et si réelle.
Une balle a été capable d’interrompre la séquence brutale de tous ces jours identiques. L’assassinat d’un garçon de 15 ans a été le moment d’un déplacement suffisamment fort pour renverser le monde. Et ce qui semblait si difficile s’est avéré être si simple.
(13 decembre 2008 - Nous sommes ici / Nous sommes partout / Nous sommes une image du futur)

    - Samedi dernier, la police grecque a assassiné un étudiant de 15 ans.
Son assassinat était la goutte qui a fait déborder le vase. (...)
Les dissimulations du gouvernement, ayant brûlé les forêts l’été dernier, est maintenant responsable pour les feux qui brûle dans les grandes villes. Le gouvernement protège les criminels financier, tous ceux impliqués dans le scandale des interceptions téléphoniques d’appareils portables, les pilleurs des fonds d’assurances ouvrières, ceux qui sont responsable des enlèvements de migrantEs et ceux qui protègent les banques et monastères qui volent les biens du peuple.(...)
Il n’y a pas d’excuses possible mais ils tentent encore une fois de se servir de théories de conspiration pour calmer les gens.(...)
Ne suivez pas les nouvelles. La conscientisation est née dans la rue.(...)
(LA DÉCLARATION publiée par l’association des employéEs de la banlieue d’Agios Dimitrios à Athènes.)

    - Maintenant les questions intéressantes mais difficiles vont apparaître.
Ne restez pas seuls; (...) contactez autant de personnes que possible. (...) Vous avez déjà occupé vos écoles et vous nous dites que la raison la plus importante est que vous n’aimez pas vos écoles. Impeccable. Maintenant que vous les occupez, changez leur rôle. Partagez vos occupations de bâtiments avec d’autres personnes. Faites que vos écoles soient les premiers bâtiments à accueillir de nouvelles relations. Leur arme la plus puissante est de nous diviser.

(17 decembre 2008- Lettre ouverte des travailleurs d’Athènes à ses étudiants, dans le contexte des bouleversements sociaux qui ont suivi l’assassinat policier d’un jeune garçon.)

    - En un geste symbolique pour éviter que les médias ne nous subjuguent, nous les citoyens civils, nous interrompons la diffusion de la chaîne nationale grecque (NET). Nous pensons que les médias cultivent systématiquement un climat de peur, nous vendent de la désinformation pour de l'information, et dépeignent un soulèvement aux multiples facettes comme une flambée de violence inconsidérée.
L'explosion de troubles civils est expliquée en termes criminels plutôt que politiques. Sélectivement, des évènements cruciaux sont balayés sous le tapis. Le soulèvement est servi comme un divertissement, quelque chose à regarder avant qu'un autre feuilleton n'arrive. Les médias servent à supprimer toute pensée libre et originale dans notre vie quotidienne.
Organisons-nous nous-mêmes. Aucune autorité n'apportera de solution à nos problèmes. Rassemblons-nous et organisons nos espaces publics -rues, squares, parcs et écoles- en zones de libre expression (...)
Surmontons notre peur, éteignons nos télés, sortons de nos maisons, continuons à faire valoir nos droits, et prenons nos vies en main.
Nous condamnons la violence policière et appelons à la libération immédiate de tous les protestataires emprisonnés.

(17 DECEMBRE 2008 - A PROPOS DE L'INTERRUPTION, PAR DES PROTESTATAIRES, DE LA DIFFUSION DE LA CHAINE NATIONALE GRECQUE LE 16 DEC 2008 A 15H10)

    - Alignés au mur, fils de pute ! Nous sommes arrivés pour prendre ce qui nous appartient…
La crise capitaliste mondiale a ôté aux patrons leur réponse la plus énergique et la plus mensongère à l’insurrection: «Nous vous offrons tout et pour toujours, alors que tout ce qu’eux peuvent vous offrir n’est qu’un présent incertain”. Avec ses entreprises qui s’effondrent les unes après les autres, le capitalisme et son Etat ne sont plus en mesure d’offrir quoi que ce soit d’autre qu’un lendemain pire de jour en jour, une situation financière asphyxiante, des licenciements, la suspension des pensions de retraite, des coupes dans les budgets sociaux, la fin de la gratuité de l’enseignement. Au contraire, en seulement sept jours, les insurgés ont prouvé par la pratique ce qu’ils peuvent faire: transformer la ville en un champ de bataille, créer des enclaves de communes dans l’ensemble du tissu urbain, abandonner l’individualité et sa sécurité pathétique, rechercher la formation de leur force collective et la destruction totale de ce système meurtrier.
(14 décembre 2008 - Initiative du Comité d’Occupation de l’Ecole Athénienne d’Economie et d’Affaires)

    - Nous déterminerons notre histoire nous-mêmes ou nous la laisserons être déterminée sans nous.
LIBERATION IMMEDIATE DES DETENUS
RETRAIT DES CHARGES CONTRE LES INTERPELLES
AUTO-ORGANISATION DES TRAVAILLEURS
GREVE GENERALE

(DECLARATION DE L’ASSEMBLEE GENERALE DES TRAVAILLEURS INSURGES D'ATHENES
Depuis le bâtiment libéré de la GSEE - mercredi 17 décembre 2008
)


    - JOURNÉE D’ACTION INTERNATIONALE CONTRE LES MEURTRES D’ÉTAT LE 20 DÉCEMBRE 2008.
(Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas
– 13 decembre 2008)

Publié dans Grèce

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P
merci Pierre, pour ce commentaire qui nous rappelle l'unité de la domination par la collusion des média, français et autres, qui ont décidé le black-out sur l'insurrection grecque, en Europe. Unité de cette domination qui ne manquera pas de se faire sentir de tout son poids de brutalité, quand l'occultation et le mensonge ne suffiront plus, à l'ensemble de ceux qui refuseront de n'exister que comme des marchandises malléables et vendables.<br /> Partout, en effet, des moyens de propager le goût de vivre doivent être inventés mis en œuvre, afin d'interdire, enfin, tout retour en arrière à cet ordre mortifère, sans joie, stupide et arrogant.
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P
http://emeutes.wordpress.com/<br /> <br /> DES EVENEMENTS EN GRECE<br /> <br /> Ces émeutes, à distance, ont déjà fait reculer le pouvoir français sur ses minables réformes lycéennes, et peut-être d’autres encore. Les émeutiers grecs nous montrent ainsi une voie qui avait été cherchée lors de la contestation du CPE et ces dernières semaines (occupations de lycées et d’autres bâtiments, blocage de voies de communication et quelques bagnoles cramées), ils font mieux et refusent le dialogue truqué avec l’Etat et ses sbires. Ce n’est que lorsqu’il parle tout seul qu’un ministre peut évoquer « un dialogue serein » (les mots du ministre de l’éducation nationale il y a quelques jours). Ici, comme en Grèce, la discussion ne peut commencer que par la contestation en actes des forces répressives. Leur existence est déjà une insulte.<br /> La liberté fait ses premiers pas quand on n’a plus à trembler devant des flics, des vidéo-surveillants et le fichage généralisé. Les lois sont faites pour nous apeurer, nous décourager et plus généralement nous interdire de faire quoi que ce soit. En Grèce la peur et la résignation changent de camp<br /> (« Aujourd’hui, le peuple est en colère contre tout, contre la mort d’Alexis, contre la police, contre le gouvernement, contre les réformes… et nous, nous sommes le bouclier. (…) Je me demande si je ne serais pas mieux dans mon village, où je pourrais reprendre l’élevage des moutons et vivre tranquille. Surtout, je n’aurais plus ce sentiment de honte qui me ronge », un policier grec dans le Figaro du lundi 22 décembre 2008) :<br /> <br /> L’INSURRECTION CONTINUE. Si elle prend partout, on ne l’arrêtera jamais. C’est pourquoi nos médias maintiennent ces évènements historiques à l’arrière-plan ou inventent des spécificités grecques (jeunesse mal payée, corruption, réformes qui ne promettent que le pire mais c’est partout que les ordures nous gouvernent). Insistons sur quelques points : il ne s’agit pas d’une révolte d’une partie de la jeunesse mais bien de toute une population, de gens sans revendications ni représentants, mais dont nous partageons certainement les intentions (disparitions de tous ceux qui parlent pour nous : partis, syndicats, experts, journalistes, associations…) et les dégoûts (le salariat et le monde misérable qu’il produit, ses congés forcés, l’éducation obligatoire pour s’y insérer, et autres « aides » de l’Etat quand on s’en éloigne).<br /> En cette période de crise, comme d’habitude, nos dirigeants nous présentent de nombreuses solutions parmi lesquelles ne figure pas celle de se passer d’eux. Ce sont les mêmes qui nous volent nos meilleures années et celles qui suivent ; ils continuent.<br /> Saisissons chaque occasion de rappeler la lutte exemplaire qui se déroule en Grèce. Diffusez ce texte, trouvez-en d’autres (récits de première main, vidéos sur internet, etc.), écrivez-en de meilleurs, partout, sur les murs, les affiches. Rassemblons-nous dans toutes les manifestations possibles, restons mobilisés. Répandons cette étrange épidémie dont nous n’avons rien à craindre, nous qui devons toujours travailler pour un monde qui nous empoisonne.<br /> <br /> FAISONS MIEUX.<br /> <br /> En région parisienne, le mardi 23 décembre 2008.<br /> <br /> http://emeutes.wordpress.com/
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P
ACTIONS DE SOLIDARITE EN FRANCE<br /> Dès aujourd’hui, distribuons des tracts (par exemple des textes issus de http://emeutes.wordpress.com/) et collons des affiches.<br /> Dès aujourd’hui, taggons PARTOUT : “SOUTIEN AUX EMEUTIERS GRECS”.<br /> Montrons que NOUS, nous n’oublions pas nos frères grecs.
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G
Des infos inédites sur les émeutes en Grèce sur Jamesoo
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