Avant l'effondrement

Publié le par Pim

Signe de ces temps de choc et effroi, après le "choc des civilisations" de M. Bush, voici venu celui de la confrontation des techniques de pointe qui, nous assure-t-on, sont, pour le prix exorbitant qu'elles coûtent à la société, la source de retombées époustouflantes autant que bienfaisantes. Après la collision de deux satellites, états-unien et russe, au-dessus de nos têtes, qui se répandent aujourd'hui en pluie de divin progrès sur notre bonne vieille Terre qui n'en peut, mais ..., voici celle de deux sous-marins nucléaires, anglais et français, leTriomphant et le Vanguard, - deux noms, en effet, appelés à se rencontrer à l'avant-garde d'un triomphe annoncé (à moins que ce ne soit l'inverse) ! -  aveuglés par leur propre perfection ! ...
Le ridicule ne tue plus, manifestement, le nucléaire si ! Dormez ! dormez ! braves gens ! le progrès veille ! ...

Certains ne sauraient en douter tant leurs techniques très élaborées de prospective et de con quête des marchés les ont, jusqu'à présent, fort bien alimentés, et protégés. Insouciants bambins barbotant dans leurs piscines à $, ou névrosés du goinfrage, ils se livrent d'ailleurs à leurs jeux favoris, ceux de puiser dans la caisse tant qu'il en est encore temps.
"La banque Merril-Lynch a distribué en bonus 1 million de dollars à 700 cadres de la banque, 20 personnes ont eu 8 millions et 53 ont eu 5 millions de dollars. Et cela en 2008, année de l'écroulement du système ! L'ensemble des bonus s'est monté à 3,6 milliards!

DANS LE MÊME TEMPS, "Toyota a gelé les salaires de tous les ouvriers aux US et a baissé les salaires des cadres afin de ne pas licencier.
Il y a deux écoles pour arriver aux mêmes économies :
- celle qui baisse les salaires
- celle qui licencie   
    •    - GM (auto): 22.000 départs à la retraite anticipée
    •    - Pioneer (électronque): 10.000 persones
    •    - British Telecoms: 10.000 personnes (déja annoncés en 2008)- l'action a pris 9% !!!
    •    - RBS (banque): 3000 personnes (1000 de plus)
    •    - Virgin Media (telecom media): 2.200 personnes
             (...)
"
   

Voilà qui éclaire la "dérive autoritaire des sociétés occidentales", dont chacun commence  de prendre la mesure, et qu' analyse ici le sociologue Jean-Claude Paye :

"L’affaire de Tarnac est exemplaire d’un processus rapide de subjectivation de l’ordre juridique. On est poursuivi pour terrorisme, non pas sur base d’un délit matériel déterminé, mais en fonction d’une virtualité construite par l’imaginaire du pouvoir. (...)

"Le discours du pouvoir procède à un double déplacement : de simples actes de sabotages, comme il peut, par exemple, y en avoir dans un mouvement social, sont qualifiés de terroristes et ces actes sont nécessairement attribués aux jeunes de Tarnac, malgré que la police reconnaît l’absence de tout élément matériel de preuve. L’image du terrorisme érigée par le pouvoir crée un réel qui se substitue aux faits. Ceux-ci ne sont pas niés, mais toute capacité explicative leur est déniée. Les actes de sabotage ne peuvent être que le fait de personnes désignées comme terroristes. L’acte de nommer, antérieur à toute procédure d’évaluation objective, renverse celle-ci et enferme dans l’image, dans une forme vide.

"L’absence d’éléments matériels permettant de poursuivre les inculpés n’est pas niée, mais la nécessaire prévalence des faits est renversée au profit de la primauté de l’image construite par le pouvoir. (...)

"Ce qui fait de ces jeunes gens des terroristes, c’est leur mode de vie, le fait qu’ils tentent d’échapper à la machine économique et qu’ils n’adoptent pas un comportement de soumission « proactive » aux procédures de contrôle. Ne pas avoir de téléphone portable devient un indice établissant des intentions terroristes. Rétablir le lien social est également un comportement incriminé, puisque cette pratique reconstruit le lien symbolique et permet de poser un cran d’arrêt au déploiement de la toute puissance de l’État.

"Dans les déclarations de Mme Alliot-Marie la référence aux faits, en l’absence de tout indice matériel probant, ne peut être intégrée rationnellement et engendre la phase du délire, une reconstruction du réel avec l’image du terrorisme comme support. (...)

"Cette construction psychotique n’est pas le seul fait des autorités françaises. Elle est partagée par la Belgique. Le 27 novembre, a eu lieu une arrestation, des perquisitions et des saisies chez des membres du comité belge de soutien aux inculpés de Tarnac. Le mandat de perquisition portait la mention « association de malfaiteurs et détériorations en réunion » Détenir des documents relatifs à un comité de soutien peut, selon le rapport de forces du moment, autoriser des poursuites et, en tout cas, associe ses détenteurs à l’enquête menée en France. (...)

"Les procédures mises en place représentent un des aspects les plus significatifs de la tendance imprimée par la « lutte contre le terrorisme », à savoir qu’un individu est désigné comme terroriste, non pas parce qu’il a commis des actes déterminés, mais simplement parce qu’il est nommé comme tel.

Le pouvoir a la possibilité de créer un nouveau réel, une virtualité qui ne supprime pas, mais qui supplante les faits. La faiblesse du mouvement social, la faillite de la fonction symbolique explique l’absence de frein à la toute puissance de l’État qui se montre en tant qu’image englobante, en tant que figure maternelle. À un ordre social névrotique qui se révèle contradictoire, se substitue une structure psychotique, un ordre qui supprime tout conflit, toute possibilité de confrontation subjective.

L’affaire des « autonomes » de Tarnac n’a pas grand chose à voir avec la vieille notion d’ennemi intérieur et la stigmatisation traditionnelle des opposants politiques. Ici, on ne s’attaque pas à une idéologie déterminée, à une forme de conscience, mais simplement au corps, à des comportements, au refus de s’abandonner à la machine de mort. Il ne s’agit donc pas de démanteler une avant-garde, mais de montrer que le refus de faire de l’argent, d’éviter les dispositifs de contrôle ou la volonté de refaire du lien social constituent une forme d’infraction, la plus grave qui existe dans notre société, un acte terroriste. Cela concerne tout un chacun et non seulement une minorité."



La vie mise en scène, son artificialité de pacotille n'agréent plus. Le fait est là.
Quand l'absurdité devient la règle se dessine le possible d'une autre vie, librement construite.


Tandis que certains se servent au-delà de toute mesure avant la chute pressentie, d'autres, leurs petites mains, en prennent la mesure, dressant encore quelques pièges de dernière heure pour traquer le renard, effrayer le pigeon, qui vient de se découvrir une âme, et qu'elle était voyageuse.
La surveillance et l'enfermement deviennent la vérité de ce monde libre.


" (...) LA PRISON N'EST RIEN D'AUTRE que le reflet de la société dans laquelle on vit. La société elle-même ressemble à une vaste prison où la majorité des gens sont enfermés dans la nécessité de trouver de l'argent, dans l'absence de perspective dans la vie, dans les rôles, comme par exemple « femme de ménage », que les valeurs dominantes leur ont octroyés. Tout comme dans la rue, il y a dans les prisons, les asiles psychiatriques, les centres fermés, des personnes qui ne se résignent pas et qui n'enterrent pas un certain goût de liberté et d'une vie meilleure parce qu'un juge l'a ordonné. Des personnes qui, quotidiennement, refusent l'humiliation d'obéir aux matons et aux chefs. Pour qui les murs et les barbelés de la prison ne sont pas encore imprimés dans leurs cerveaux et qui, au contraire, les considèrent plutôt comme des obstacles à franchir. Car la punition que la société, à travers ses juges, leur a offerte, n'est que le reflet d'un monde injuste basé uniquement sur le pouvoir de l'argent et sur l'obéissance.

Alors, depuis trois ans déjà, une petite tempête de révolte a laissé des traces dans des dizaines de prisons et de centres fermés en Belgique. En se mutinant, en boutant le feu à l'infrastructure carcérale, en attaquant les gardiens, en s'évadant, des prisonniers ont retrouvé ce que le système a voulu leur enlever définitivement : le courage, un désir de liberté et une audace qui rêve de balayer toute la merde que cette société produit. L'Etat va construire sept nouvelles prisons pour contenir cette rage et pour enfermer d'avantage les personnes qui, avec les conditions d'exploitation qui deviennent de plus en plus dures, ne respecteraient plus la loi des puissants et des riches. Et pour les prisonniers réfractaires, l'Etat a déjà ouvert deux modules d'isolement à la prison de Bruges et de Lantin, de vraies prisons à l'intérieur de la prison, des cages de torture blanche, pour en finir avec tous ceux dont le cœur les amène à se révolter plutôt qu'à se résigner.
Ces modules se composent de dix cellules qui ressemblent à des chambres frigorifiques, où les prisonniers sont enfermés 23h sur 24h. Dans une cage de quelques mètres carrés, les gardiens leur donnent un peu « d'air » une fois par jour. Dans les cellules, les prisonniers ne peuvent disposer de presque rien et une autorisation spéciale et temporaire est nécessaire pour obtenir, par exemple, un stylo. Pendant la nuit, la lumière est régulièrement allumée. Les cellules mêmes sont insonorisées. Ces endroits ressemblent à un mouroir où l'Etat essaye d'en finir silencieusement avec ceux qui gênent le bon déroulement de la machine carcérale à broyer des êtres humains.

Au cours des derniers mois, les prisonniers qui sont actuellement enfermés dans ces cages, se sont révoltés déjà plusieurs fois en brisant le peu de mobilier (les lampes par exemple) existant dans la cellule. Les gardiens ont toujours fait directement appel à des unités anti-émeute de la police fédérale, stationnées en permanence près de la prison. Ils viennent alors avec des matraques, des boucliers, des lacrymogènes, des chiens pour mater l'esprit rebelle. Ces gestes de révolte prouvent encore une fois que même dans la situation la plus oppressante, il y a des personnes qui refusent de se soumettre, de s'auto-annuler, de plier face à l'autorité infâme.


Les prisons, et la vie qui va avec, ressemblent de plus en plus, à s'y méprendre, à ces cages à pauvres nommées HLM. Une mesure d'humanisme, afin que les prisonniers, toujours plus soumis à la liberté conditionnelle, ne se trouvent pas en état de choc lorsqu'ils doivent les quitter.
Voilà ce qu'aura su éviter M. Marchiani, "incarcéré depuis le 26 mai 2008 à la Santé, à Paris, où il purgeait une peine de trois ans pour avoir perçu des commissions occultes dans le cadre de passations de marchés à la fin des années 1990", libéré ce matin du lundi 16 février dans le cadre d'une libération conditionnelle.
On ignore, pour l'heure, les raisons de la grâce présidentielle de ce haut fonctionnaire, ami de M. Pasqua, ancien agent secret et ayant adhéré au mouvement nationaliste et néofasciste français Jeune Nation, dissous le 15 mai 1958 à la suite d'une série d'attentats et des violences.

«Le 11 février, Julien Coupat sera à nouveau entendu par le juge d’instruction. Parallèlement, une nouvelle demande de mise en liberté a été déposée, dont on attend la réponse vers le 20 février. Une nouvelle semaine d’agitation et actions diverses a donc été prévue pour appuyer cette demande (...), entre le 13 et le 19 février (...)»

Cet article a été composé de la mise en juxtaposition d'extraits parus sur différents blogs.

Publié dans De la Guerre

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