... de chameau

Publié le par Pim

Un article du Monde diplomatique du 28 décembre 2009, écrit par Jean-Christophe Servant et intitulé "Le Nord Mali victime d’une prophétie autoréalisatrice", nous éclaire à la fois sur "les errements de l’antiterrorisme en Afrique", mais aussi bien sur cette prétendue tentative d'attentat perpétrée par un Nigérian le 25 décembre 2009 sur une ligne aérienne reliant Amsterdam à Detroit.
Ainsi que l'énonce cet article "N’importe quel jeune vivant de Conakry à Tunis dira à un étranger, spécialement s’il est des FARC, qu’il est membre d’Al-Qaida à condition de pouvoir en tirer prestige et argent".
Ce jeune homme, clamant sion appartenance à la nébuleuse "terroriste" Al-Qaïda, dont on sait tout le mal qu'il convient d'en penser quand ses principaux organisateurs furent des agents entraînés par la Central Intelligence Agency, ce jeune homme, donc, pourrait bien se trouver le chaînon manquant permettant la mise sur le devant de la scène terroriste de la zone sahélienne.

Du point de vue des États qui l'organisent, la scène terroriste est une valise à tiroirs multiples - à l'instar de ces anciens meubles-secrétaires qui tirent leur appellation, précisément, des secrets que leur configuration permettait de dissimuler -, favorisant entre eux des liens entretenus à l'abri des indiscrétions des peuples et de leurs prétentions démocratiques. La domination de l'économie sur la société, et les traditionnelles méthodes de la guerre économique, qui se livrent d'abord sur fond d'espionnage et de secrets volés, justifient à elles seules la tentaculaire emprise des services spéciaux sur la société et la politique des États, au point que leurs plus hauts commis en soient aujourd'hui directement issus.
La scène du terrorisme est un produit de premier ordre, une arme stratégique, ainsi que l'on s'exprime aujourd'hui dans les chancelleries qui ont adopté le langage des kommandantur. Au-delà d'être, d'abord, cet instrument de la soumission des peuples par la manipulation et le secret (voir article précédent, À POIL !...), il est aussi un accélérateur de profits. C'est en son nom que l'on va équiper les  lieux publics des pays industrailisés de tout un arsenal dit préventif et répressif ; c'est en son nom encore que se commet, aujourd'hui, le néo-impérialisme, qui n'a jamais cessé de se perpétuer, mais qui a adopté pour ce faire des raisons diverses, dont il faut bien constater qu'elles sont aujourd'hui strictement défensives. C'est en effet au nom de sa sainte "sécurité", et non plus au nom de la civilisation, de la démocratie ou de la sécurité des peuples que l'Occident lâche désormais ses bombes au napalm, à fragmentation, à l'uranium enrichi, .... On n'arrête pas le Progrès.
 
Le flagrant délit de liens avérés de la zone sahélienne avec le narco-trafic et le "terrorisme" islamiste justiifie amplement d'une surveillance rapprochée de l'Uncle Sam dont quelques uns de ses éclaireurs de la DEA ne font que planter le décor.
Et comme un "mal" ne vient jamais seul, il se trouve, par un hasard des plus surprenants, que la zone sahélienne - comme plus largement le continent africain - regorge de richesses minières ; il était jusqu'alors de tradition qu'elles restent le pré-carré des anciennes puissances coloniales, européennes pour l'essentiel.
On comprend que les États-unis d'Amérique ne sauraient laisser aux seules convoitises de la Chine ce terrain, négligé par les anciennes puissances coloniales du fait de leur arrogance et de leurs erreurs répétées de politique à courte-vue, en matière migratoire notamment.

Outre la scène africaine, et sans exclusive, une autre hypothèse se profile, celle du Yémen, une proie facile pour les USA - comme l'histoire a montré qu'ils les appréciaient particulièrement -, et stratégiquement déterminante par sa position au sud du royaume saoudien, allié des USA pour le moins incertain, mais pion majeur contre l'Iran chiite et qui gagnerait à être conforté par une présence militaire rassurante au Yémen, lequel ne semble pas en mesure de venir à bout d'une rebellion chiite de  "15 000 rebelles Houthis, (qui seraient) armés et entraînés par l’Iran et retranchés dans les montagnes du Nord, autour de Saada", à la frontière de l'Arabie saoudite. Aussi les USA y ont-ils renforcé leur "aide militaire" et commencent-ils de présenter le royaume yémenite comme nouvelle base arrière du terrorisme, une phraséologie qui avait précédé leur intervention en Afghanistan et en irak, et qui, ici encore, à l'instar des situations afghane, pakistanaise, voire irakienne, s'avèrerait une tentative de dissimuler une instrumentalisation de la prétendue nébuleuse terroriste contre toute subversion des intérêts pétro-dollars.

Que M. Obama soit récemment monté à l'écran, avec la virulence que l'on a pu observer, contre les négligences avérées des "services" - dont l'existence toute entière repose sur leur seule efficacité à débusquer du "terroriste" jusques dans ses terriers, en les fabriquant au besoin -, ne doit pas nous abuser. Ce spectacle de la mise en cause de l'inefficacité des "services"  n'aura pas eu pour seule raison de bien mettre en scène cette prétendue inefficacité - tellement flagrante qu'elle en devient peu crédible - mais aussi bien celle que des liens pourraient être hâtivement établis, à l'occasion d'une telle action, entre  un "terroriste" africain et un président noir.
Le président des États-Unis - dont l'unique action de son mandat, jusqu'à présent, aura consisté à faire valoir une réforme du système de santé, et qui, pour la négocier, aura abandonné toute autre perspective - se sait suffisamment le pion des grands groupes financiers pour ne laisser aucun doute s'installer à ce propos, et montrer en matière d'anti-terrorisme la même détermination que celle de M. Bush, l'initiateur d'"une guerre qui sera longue" ....

Toutes circonstances, donc, concourant à faire de ce jeune huluberlu nigérian, débarqué hâtivement au Yémen pour se faire, quelques semaines plus tard, le représentant du terrorisme islamiste africain aux States, une sorte de manne tellement inespérée pour les USA qu'on pourrait presque la supposer "providentielle".

"God bless USA", "Aide-toi, le ciel t'aidera", etc, ....

Dernière mise à jour : 03/01/2010


Publié dans De la Guerre

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