Mot d'Herne

Publié le par Pim

Il nous faut donc en faire le constat : Pétain, pour le Parquet de notre douce France, est devenue une insulte.

En réponse au mail envoyé au ministère de l'Intérieur le 19 décembre 2006, au nom de la CNT- Jura et de l'antenne locale du collectif RESF,  "Voilà donc Vichy qui revient: Pétain avait donc oublié ses chiens!", "Nicolas Sarkozy a saisi le ministère de la Justice pour "outrage" en février 2007.
L'avocat de l'ancien ministre entretemps devenu chef de l'Etat ne réclamait qu'1 euro de dommages et intérêts. Mais la procureure chargée du dossier a décidé de requérir, en tant que partie civile, 750 euros d'amende, au titre du préjudice moral contre la personne de Nicolas Sarkozy."

Il est vrai, le « vainqueur de Verdun », qui jugula la crise des mutineries de 1917,  est plutôt associé au régime de Vichy, qui  initia la Révolution nationale,  et la collaboration avec l’Allemagne nazie.

"Jouant le plus possible sur la réputation du « vainqueur de Verdun », le régime exploite le prestige du Maréchal et diffuse un culte de la personnalité omniprésent. (...)
Toute une littérature, relayée par la presse sous contrôle et par maints discours officiels ou particuliers, trouve des accents quasi-idolâtres pour exalter le Maréchal (...)
La popularité du Maréchal ne repose cependant nullement sur le seul appareil de propagande. L’intéressé sait l’entretenir par de nombreux voyages à travers toute la zone sud, surtout en 1940-1942, Pétain entretient aussi le contact avec la population par un certain nombre de réceptions à Vichy, ou surtout par ses fréquents discours à la radio.
Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes d’Église mettent leur autorité morale au service d’un culte ardent du Maréchal, salué comme l’homme providentiel. (...)
Toutes les droites sont ainsi représentées dans son gouvernement à Vichy, ainsi que d’anciens socialistes, communistes ou radicaux (...).
Auprès du Maréchal se pressent des hommes de tous bords, mêlant de façon baroque, au sein de sa «dictature pluraliste», des technocrates modernistes et des révolutionnaires déçus du marxisme aussi bien que des maurassiens et des réactionnaires. (...)
Parallèlement au développement d’un pouvoir centralisé, le Maréchal se consacre au «relèvement de la France » : rapatriement des réfugiés, démobilisation, ravitaillement, maintien de l’ordre. Mais loin de se limiter à gérer les affaires courantes et à assurer la survie matérielle des populations, son régime est le seul en Europe à développer un programme de réformes intérieures, indépendant des demandes allemandes.
Certaines mesures prises à cette époque ont survécu, comme la création d’un ministère de la Reconstruction, l’unification du permis de construire, la naissance de l’IGN en juillet 1940, l’étatisation des polices municipales en vue de faciliter le contrôle des populations, ou encore une politique familiale, déjà amorcée par la IIIe République finissante et prolongée sous la IVe République. D’autres dispositions sont adoptées : campagne contre l’alcoolisme, interdiction de fumer dans les salles de spectacle, inscription de la fête des mères au calendrier, pénalisation de l'homosexualité (seulement abrogée en 1981). D’autres encore portent la marque des projets réactionnaires du chef de l’État. De nombreux étrangers supposés « en surnombre dans l’économie française » sont incorporés de force dans des Groupes de travailleurs étrangers (GTE). (...)
«Grande revanche des minorités », le régime de Pétain entreprend de régler les vieux comptes des anciens vaincus avec la Révolution française, la IIIe République, le Front populaire, le marxisme ou la laïcité. Ce faisant, Pétain aggrave sensiblement les discordes nationales déjà aigries dans les années 1930, et couvre de son autorité un bon nombre de mesures d’exclusion.
Dès la troisième semaine de juillet 1940, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission fondée pour réviser et annuler des milliers de naturalisations accordées depuis 1927. En octobre 1940 et sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois d’exclusion contre les francs-maçons et les Juifs sont promulguées. Ces textes discriminatoires, adoptés à la hâte en octobre 1940 sont durcis le 2 juin 1941 : ils excluent ainsi les Français de « race juive » (déterminée par la religion des grands-parents) de la plupart des fonctions et activités publiques. Des quotas sont fixés pour l’admission des Juifs au Barreau, dans le monde universitaire ou médical."

On rappellera le climat de forte concurrence qui régnait à l'époque : Mussolini en Italie, Hitler en Allemagne, Salazar au Portugal, Franco en Espagne, ...  pour ne parler que des plus proches. La France, toujours à la mode de “ce qui se fait de mieux”, se devait de lancer sa propre marque de fabrique, le régime de Vichy.
Ce climat fut celui d'une Europe en crise de valeurs, après la boucherie de 14-18, et surtout après la victoire du bolchévisme en Russie, victoire qui menaçait les classes possédantes de faire tâche d'huile en Europe. Ainsi les Communes de Berlin, de Budapest, etc ...
La réaction des dites classes ne se fit pas attendre, qui lancèrent leurs chiens de guerre sur l'ébauche d'un assaut prolétarien. La "crise" était bien là. Sa manifestation financière de 1929 ne fut qu’un symptôme des refus, profondément ancrés dans la société, des barbaries du capitalisme.
A cet égard, on notera que les régimes qui s'ensuivirent avancèrent tous sous le masque d'une critique du capitalisme ... dans les mots, quand les actes étaient une éradication de tout ce qui se rapprochait de sa critique radicale : communistes, anarchistes pourchassés ...

Cette crise surmontée par les dictatures et la guerre, le capitalisme en sortit plus que jamais renforcé, poursuivant, améliorant la rationalisation de ses modes de contrôle.
C'est à la "rationalité" techniciste, celle des flux de la circulation des marchandises, et à ses exigences sans appel, qu'il appartînt désormais de faire passer le réel dans le chas de l'aiguille. Forte de sa victoire contre “le mal absolu”, la marchandise a installé son règne sans partage sur le moindre de nos souffles, substituant au vivant et à ses errements le bonheur programmé des choses, existence sans aspérités et, soi-disant, sans alternative .... “Tout se passe comme si nous sommes tous condamnés à endosser la camisole de force du TINA (There Is No Alternative) de Margaret Thatcher et de Bush père (...)” nous dit Aminata Traoré.
Grands prêtres de la nouvelle religion, collaborent foultitude d"'experts", désignés comme tels, intéressés (sinon compétents) à la bonne marche des choses, nous informant sans défaillir de notre bonheur à survivre de la vie que les choses, dans leur grande bonté, veulent bien nous insufler.
 
Mais (il y a toujours un mais), de même que la période précédente dut, pour en finir avec sa contestation, accoucher de formes de domination utiles, en l'occurrence, mais dépassées par les exigences d'une bonne gestion, cette chosification même du vivant, poursuivie dans ses dernières extrêmités, rend ses ravages non dissimulables.
On ne s'embarrasse plus, dès lors,  de "gérer". Il s'agit de durer, au risque, visiblement assumé, d'entraîner la planète au tombeau, à l'instar de ces tyrans qui se faisaient enterrer avec leurs esclaves. Au simulacre de la "crise", arme de gouvernement dans les années de l'après-68, se substitue le simulacre de la "terreur". L'État de droit, lequel a servi aux bourgeoisies précédentes de cadre juridique nécessaire à leur déploiement, se voit signifier son congé, renvoyé au rayon des accessoires encombrants. Voici venir TOUTE la vérité de la "Modernité".
À suivre ...
 

Publié dans De la Guerre

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