De la falsification

Publié le par Pim

Il fallait le faire, à n'en pas douter, puisqu'on nous l'avait annoncée en grandes pompes, cette liquidation de 68. Les investisseurs de la planète, prétend-on nous faire avaler, en rêveraient encore, ... quarante ans après !

Comme si 68 ne s'était pas liquidé de lui-même, du fait de son échec, ... comme si, du fait même de cet échec, n'avait pu s'installer sur son cadavre encore fumant, le mépris qui caractérise notre époque. 
L'agit'prop des bolchéviques l'expérimentait dès les années 20 :  la réalité qui s'impose est rendue crédible par l'agitation permanente de signes appropriés. Réduit à un signe, 68 aura permis toutes les manipulations.
Faire passer les émeutes de 68 pour un monôme étudiant bouleversant le monde (!), une image jeune, "moderne", et absurde, de la même eau que les gommages de personnages politiques passés à la trappe par la bureaucratie stalinienne sur les photos destinées à la propagande, mais, qui aura permis de liquider l'époque précédente, encore trop chargée ds traces de la guerre et des rapports de force qu'elle supposait.
Mais cette image elle-même n'a plus d'usage, et la dernière décennie s'est employée à lui signifier son congé, achevant de la décrédibiliser, pour que la chose même disparaisse à jamais des mémoires.

C'est ainsi qu'au travers d'une émission diffusée le 23 janvier 2008 et dédiée à ce joli mois de Mai 68,  FR3 a poussé à son terme la logique du renversement de perspective.
Un vrai monument journalistique, en vérité, qui nous révèle avec toute la brutalité souhaitable, à quel point d'abaissement sont parvenus ceux qui, aujourd'hui, sont payés pour "informer " leur concitoyens ... du point de vue de la police !...
Les CRS, nous y délivre-t-on, étaient des travailleurs comme les autres, syndiqués, et obéissant, sans états d'âme, aux dites recommandations du Préfet Grimaud de ne pas taper trop fort !...

Et, pour servir la messe, mme Marie Drucker, plate animatrice, fille de l’ancien président-fondateur de la chaîne privée M6, Jean Drucker, nièce de Michel Drucker, animateur de plateaux, (liée à M. François Baroin, député-maire UMP de Troyes, ancien ministre du gouvernement Villepin, elle a dû renoncer à présenter le journal du Soir 3 pendant la durée des élections), accompagnée en ses ointes œuvres de M. Gallo, escort philovatican, raconteur d’histoires,  de M. Copé, maire UMP de Meaux, enfant martyr de 68 (ça se voit, il y a comme une félure en cet homme) et de l’inévitable M. Cohn-Bendit, qui aima tant la Révolution, ... de loin, pour ce que la manipulation de ses clichés lui apporta de faveurs médiatiques.
Fidèle à lui-même, ce dernier nous indiqua, dès l'amorce de cette "émission" (de gaz lacrymo ... ou à effet de serre ?), que le slogan des émeutiers, "CRS SS", était une "stupidité" qu'il n'aurait pu prononcer, lui le "juif allemand", se contentant, nous rapporte-t-il, d'un "CRS assassin".
On le comprend !... ces petits jeux de gamins, la nuit sur les barricades,  quand il s'agissait, plus sérieusement, d'alimenter la fringale des micros de trottoirs, était-ce la place d'un "leader", un rôle conféré par des médias reconnaissants, et qu'il assume sans vergogne depuis quarante ans qu’il s’agit de cracher sur 68 ?

La soupe vendue n'est jamais, ici, que de la propagande, amusante tentative de faire croire habitable ce monde, prétendant rendre sa contestation ridicule et sans objet.
Il en est de même de tout ce qui est vendu, à commencer par la nourriture, que l'on nous fait passer pour telle quand elle n'est que produit industriel, chose manipulée, traitée pour être finalement commercialisée sous l'étiquette "nourricière" : poulets en batterie et vaches folles en témoignent à l'envie.
Parfois le scandale de ce trucage, de cette chosification du vivant par l'industrie, éclate, aussitôt oublié dans le tourbillon des images et des mots, nous laissant sans voix, avec les traces du poison dans nos veines, inconscients, pour combien de temps encore ?...

Rappelons, pour mémoire, le désastre alimentaire de l'huile espagnole frelatée : près de 350 morts en Espagne, plus de 20 000 personnes hospitalisées : tel est le sinistre bilan de l’intoxication par des huiles de colza, vendues comme huiles d’olive et dénaturées à l’aniline, une substance toxique destinée à ̀... l’industrie métallurgique !
Dans un premier temps, les responsables de cette manipulation voulaient colorer l’huile afin qu’elle ne soit pas soumise aux droits de douane sur les huiles alimentaires. Puis des industriels espagnols l’ont remise dans le circuit commercial, après lui avoir fait subir une “régénération” censée la rendre consommable.
En mai 1981, on apprend la mort d’un enfant de 8 ans en Espagne à la suite d’une insuffisance respiratoire aigüe suspecte, puis l’intoxication de milliers de personnes ayant toutes consommé de l’huile achetée à des marchands ambulants et conditionnée dans des bidons de plastique non étiquetés.

La falsification est le cœur de métier de cette société, ce sans quoi sa disparition ne pourrait être que brutale : elle ne doit cesser, pour survivre,  de nous VENDRE, à nous autres, humains, une image supposée acceptable  de notre vie (selon les critères entrés dans ses ordinateurs), et de la mémoire que nous sommes autorisés à en avoir, avec les produits qu'emballe cette image, ce style de vie, comme ils nous la vendent.
Tel est le propre de la marchandise : établir dans les faits, devenus dès lors matière incontournable, que le vrai ne soit qu'un moment du faux dans le monde réellement renversé, établissant le mensonge comme vérité, positivité autant indiscutable ... qu'inhabitable.



 

Publié dans De la Guerre

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