"CON fiance !..."

Publié le par Pim

Empr., avec francisation d'apr. fiance*, au lat. class. confidentia, dér. de confidere (confier*).
Croyance spontanée ou acquise en la valeur morale, affective, professionnelle... d'une autre personne, qui fait que l'on est incapable d'imaginer de sa part tromperie, trahison ou incompétence. (Trésor de la langue française)

1408 « foi en quelque chose, en quelqu'un »

Dans Guerre et paix, le prince Bagration, pendant la bataille, apprend de mauvaises nouvelles, mais sa tranquillité étonne et rassure les aides de camp qui les apportent. Il a dans l'avenir de la Russie une confiance inaltérable. Un échec momentané ne saurait ébranler en lui la certitude du triomphe final. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 303.


Or, ne voilà t’y pas qu'ce serait la CRISE, de confiance précisément, en les vertus, bien connues, du capitalisme, ce système que tous s’entendent à qualifier d’”indépassable” (sic !) et qui ne saurait être jugé sur quelques aléas et autres accidents de parcours.

Tout ceci serait bien risible, tel un florilège de la flagornerie, de la pitoyable bassesse de la quasi totalité des commentateurs, petits salariés soudain apeurés de ce qu’ils ne sauraient imaginer disparaître tant ce système assure leur pitance quotidienne, à l’instar de ce dernier carré d'hallucinés, fusillant encore dans Berlin alors même que les troupes soviétiques avaient déjà sonné le glas du régime nazi.
Ces guignols de la dernière pitance tiennent encore les micros, proposant, opportunément, quelques modifications de détail qui permettraient de sauver l'ensemble.  La confiance règne encore, en dépit de ce que tout en contredise les fondements mêmes. (Sans discuter, sans critiquer, sans hésiter; sans aucun doute ni méfiance. Croire, payer, signer de confiance. Les nouveaux venus gobent tout et admirent de confiance (Sainte-Beuve, Pensées et maximes, 1869, p. 83).
Une seule alternative. Ou celle-ci s’effondre, avec les perspectives enfin humaines qu'ouvrirait un tel effondrement, ou les guignols reprendront la confiance, cette arrogance que leur confère la liberté de mentir effrontément en étant payés pour cela. (Je viens de chez monsieur votre neveu; on m'a dit qu'il était allé chez vous, et j'ai pris la confiance de venir ici (Mérimée, Les Deux héritages, 1853, p. 83).

L’économie financiarisée”, comme il est dit dans le film, vient de laisser remonter à la surface de ses eaux glauques quelques pans de sa réalité quotidienne.
Financiarisation, un euphémisme qui tente de dissimuler que le capitalisme a largué les amarres qui le retenaient encore en quelques points au monde réel, que son abstraction grandissante, son détachement de toute réalité humaine, terrienne, vivante n'est jamais que la seule cause de son effondrement inéluctable aux prémisses duquel nous semblons assiter ici.
Ainsi la crise du crédit aux États-unis, dont nous rappellerons qu’elle est un effet direct de la dérégulation du système de crédit, ouverte par l’administration Clinton. Qu’un “démocrate” ait laissé s’engrener cette situation, prévisible par n’importe qui payé pour “penser” les conséquences de ses décisions, en dit assez sur l’incompétence des dits "panseurs“ et autres "décideurs”, marionnettes aux mains des logiques capitalistes, payés pour liquider les derniers contrepoids que des luttes populaires avaient réussi à installer en Occident contre les tentatives absolutistes.

La réalité devenue ici visible est que ces contrepoids n’existent plus, la dite ”démocratie” ne dissimulant plus rien des agissements de ceux qui, en son nom, se servent, tout simplement, de l'État, instrument dont ils se sont emparés pour leur seul bénéfice
La seconde guerre d’Irak, et la manière dont l’administration Bush a été l'instrument de groupes privés monopolisant les moyens de la plus forte armée du monde à leur seul bénéfice, l’avait déjà assez mis en évidence. Évidence occultée, précisément, par le choc émotionnel provoqué, à bon escient, par l’attaque du 11 septembre 2001. Des personnalités de la nomenklatura états-unienne laissent échapper, les uns après les autres, que la manipulation de cet évènement auprès de l’opinion a permis la guerre d’Irak.

Organiser la dépendance durable a toujours été l'alpha et l'oméga de toute domination. De même que le droit de séjourner, voire même de simplement passer dans l'espace autrefois public est un octroi qui se paye désormais au privé, de même Il n'y a guère lieu de s'étonner que l'État devienne visiblement ce qu'il est essentiellement, l'instrument de la classe des marchands, SON AFFAIRE PRIVÉE. La privatisation de la guerre, de la sécurité, notamment, a pour suite logique la socialistaion des pertes de la sphère privée. N'était l'hypocrisie des commentateurs à cet égard, il y aurait bien plutôt lieu de s'étonner qu'ils soient parvenus à le dissimuler si longtemps.

Aussi n’est-il, accessoirement, pas un hasard que cette “crise”, comme il est dit, intervienne à quelques semaines de l’élection de la présidence états-unienne, que l’administration Bush est censée perdre, et avec elle la capacité, pour quelques unes de ses figures, des canaux de leur enrichissement personnel. Par un calcul identique à celui que font tous les gestionnaires défaillants de sociétés qui, quelque temps avant leur départ, amortissent leur éjection pour incompétence trop manifeste par quelques émoluments de dernière heure, l’on se sert directement ici dans la poche du contribuable, que l’on continue ainsi d’asservir durablement tout en grevant l’administration du successeur d’une politique d'État interventionniste.
La bourse ... ou la vie !” est ainsi l’injonction, sommant les contribuables états-uniens, de ce dit “plan de sauvetage” de l’économie états-unienne, un véritable coup de maître en matière de hold-up, consistant à renflouer des banques mal gérées qui, outre le fait qu’elles auront participé de la mise à la rue des centaines de milliers d’états-uniens, pourront se servir à volonté, désormais, dans la poche du contribuable, à l’instar de ces seigneurs de la guerre qui, en de sombres temps moyen-âgeux, nous dit-on,  exigeaient de leurs paysans qu’ils leur livrent la meilleure part de leur récolte et, éventuellement, les cuisses de leurs épouses.

Une reconcentration des banques est l’une des conséquences de ce hold-up. Ainsi que le veut la loi du capitalisme, que d’aucuns prétendent, les bouffons, moraliser, une loi que les petits rentiers français en mal de sécurité et surtout de clairvoyance ont, malencontreusement pour eux, oubliée lors de leur dernière érection, les gros mangent les petits dans ce jeu truqué dont les deux seules règles sont le vol et la tromperie. L’argent se reconcentre “en de bonnes mains”, toujours plus compétentes pour les extorsions de fonds à grande échelle.
Et avec cette reconcentration monopolistique vient tout naturellement, comme une sorte de panacée évidente, la prétention de se doter d’”instruments”, le mot est-il assez clair quand il s’agit d’institutions au service du capitalisme, visant à une gouvernance mondiale. Une prétention risible, certes,  mais qui, à l’instar de la soi-disant “Europe” et de son “Grand marché”, vise rien moins qu'un coup du monde, au nom de l'urgence, la liquidation des derniers vestiges de la “démocratie”, fermée pour inventaire, mise au placard. Quelques commis bien huilés, les mêmes incapables qui nous ont menés où nous sommes et roulés dans la farine, ... à la place de cinq cents figurants avec attaché-case (au prix actuel de cet accessoire), qui ne dissimulent déjà plus rien des "absences" des "peuples", que l'on n'hésite d'ailleurs plus de contourner, pour leur bien, quand ils se mettent, on ne sait vraiment pourquoi, à redresser le museau.

Ainsi, tout le monde semble sortir gagnant de ce coup fumant, et les dits peuples tétanisés et leurs boutiquiers travestis en matadors. Au passage, quelques épargnants, dûment matraqués et terrorisés de perdre leur derniers deniers patiemment économisés avec le spectre sans cesse agité de 1929 comme si vous y étiez, auront laissé les vampires s’emparer de celles-ci qu’ils auront bradées.
Mais ce n’est là qu’un bénéfice collatéral quand on considère qu’il s’agit ici rien moins que de “refonder le capitalisme”, comme on a refondu les tours jumelles de Manhattan après que pas moins de deux avions aient eu l’idée saugrenue d'abattre, en plein vol, cet élégant centre du commerce mondial triomphant, allez savoir exactement pourquoi ...

Ce ne sont évidemment pas les banques, ou la bourse, ou quelqu’autre gadget qu’il s’agit ici de sauver, comme on sauverait par opération héliportée tel courageux soldat laissé seul face à l'ennemi (lequel déjà ?), mais bien d’organiser un brouillage sur les dégâts, désormais non dissimulables. que génère le capitalisme.
En un coup de poker, celui-ci met en scène le désastre de sa fin pour mieux dissimuler qu'il ne maîtrise plus rien, ... et de sa résurrection, tel le phénix renaissant sans cesse de ses cendres, à moins que ce ne soit le foie de Prométhée ... en qui nous eûmes, en d'autres temps, tellement confiance !
L'État, ce nain instrumentalisé, en sortirait grandi, comme la seule force capable de contenir le golem, de le ramener en ses quartiers tout en le caressant dans le sens du poil, afin qu'il ne nous emporte inévitablement dans sa chute, dont on ne saurait imaginer l'horreur puisqu'il est "indépassable", évocation, ici plus même dissimulée, de ces despotes qui se faisaient  enterrer avec leurs épouses et esclaves. Tel est le mythe, ainsi reconstruit, d'un capitalisme "à visage humain", habitable, quand il est la terreur même.
Et telle est, en effet, la politique de la terreur, gérer le risque, ou du moins faire semblant, en supputant sur la peur, source de la confiance que l'on doit investir en celui qui prétend jouer au sauveur.
Prendre le risque de donner l'idée de cette fin, comme dernière catastrophe possible, au-delà de toutes les autres, de la faire, en quelque sorte, toucher du doigt, dit à quel point il est déjà avancé dans sa décomposition.

Ainsi que le rapporte un certain article : « Plus c'est la crise, plus on peut gagner d'argent sur la crise », qui croît bon d’ajouter :  "Plus opportuniste, tu meurs !", tout en ne dédaignant pas d'associer à une telle vertueuse indignation un lien ainsi libellé : "Besoin d'argent ? Disponible rapidement Sans Justificatif d'utilisation !"
"Sacro-sainte loi du marché oblige", n'en doutons pas ... Ainsi que la morale de cet édifiant article nous en fait la réclame : « (...) Mais même en temps de crise, Nicolas Barnabé reste à l'affût des bonnes affaires : le nom de domaine Vivelacrise.com reste à vendre au plus offrant !
Le capitalisme se nourrit de ses miasmes, c'est bien, en effet, tout ce qui lui reste à vendre, tel est le "réalisme" à l'œuvre, qui fait se retrouver, entre "amis " ... pour partager, en toute confiance, ... le confit d'oie !

Publié dans De la Guerre

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