Choc au B.N.

Publié le par Pim

Dans l'émission de D. Mermet, "Là-bas si j'y suis", Naomi Klein présente La stratégie du choc comme expérience de la théorie dite néo-libérale de Milton Friedman dans la mise en place de la dictature chilienne de 1973, qu'elle situe à l'origine de cette phase du capitalisme.

35 ans après le putsh de Pinochet, le "libéralisme" a partout triomphé. Aussi bien la persistance et même l'aggravation de la même technique ne saurait guère être analysées comme la continuation d'une offensive, mais plutôt comme la manifestation de sa retraite de Russie, sa politique de la terre brûlée, sa dernière carte pour un sursis du système en place, tout en permettant, cerise sur le gâteau en ses dernières heures, un vol à l'arraché dans les ruines fumantes (cf. le pillage du musée archéologique de Bagdad, dont les pièces semblent aujourd'hui circuler sur le "marché du l'art").
Cette conception qui entend faire de "la montée dun capitalisme du désastre" une sorte de conséquence de la stratégie du choc devrait bien plutôt être renversée. C'est parce que le désastre du capitalisme ne saurait plus être dissimulé, du fait même du caractère essentiel de la marchandise de ruiner la vie qu'elle vampirise, que la stratégie du choc doit être employée comme sa dernière diversion.

En rendant visible ce qui est structurel, en détournant l'attention du désastre même de l'existence du capitalisme sur des leurres, elle entend en inverser le sens en le présentant comme conjoncturel.
Après avoir été celle de la tension (le laboratoire de l'Italie des années 70), une telle stratégie est devenue celle du chaos, imposant la guerre permanente et  l'urgence comme uniques modes de traitement, selon un procédé désormais bien rodé, évacuant a priori tout débat sur les raisons des méthodes expéditives employées, ou même seulement sur les modalités opératoires dont les instigateurs restent ainsi les seuls décideurs. Ils sont alors censés apparaître comme experts, techniciens et décideurs seuls capables de maîtrise dans le chaos de ces "désastres" conjoncturellement mis sous les feux de l'actualité quand ils ne sont pas provoqués de toutes pièces.

L'incompétence croissante de ces soi-disant vainqueurs de dragons ("Game is over" !...) est  la réalité, ici, bien plus prosaïque que le conte pour enfants dont on prétend nous gaver. Le ridicule des super-dupont de service, dans leurs combats de dysneyland, montre bien l'incapacité du capitalisme à "gérer" la crise qu'il génére.

Rien n'est pour autant joué, tant l'attention se laisse aisément détourner de son véritable objet. Le quotidien nous en offre l'exemple mille fois par jour.
Seul le goût de se retrouver dans ce qui nous réalise, nous permet de faire l'essai, mais non l'emploi, de nos forces. La conscience de ce qui nous atteint et nous éloigne toujours plus de nous-mêmes est notre seule arme, pour l'heure, pour sortir du chaos et du marasme de ces temps..

Publié dans De la Guerre

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