Barbier rase l'autre

Publié le par Pim

Un site - revendiqué par un Comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés (CRIME)- trouvant à son goût l'esthétique du site du Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères), s'en est inspiré pour rappeler à la France ses devoirs et promesses dans la question haïtienne.

C'est ainsi qu'une "porte-parole du MAE" annonce, à l'occasion du 14 juillet, la remise à zéro des relations entre la France et Haïti, "unis par la compassion et la coopération" après le séisme qui a endeuillé le pays le 12 janvier dernier. Selon cette déclaration, Paris s'engage à "rendre les 90 millions de francs-or qu'elle avait exigés de la part d'Haïti pour le dédommagement des colons à la suite de son indépendance au début du XIXe siècle". Somme qui s'élève aujourd'hui à 17 milliards d'euros, "si l'on tient compte de l'inflation et du taux d'intérêt", et qui sera reversée à Port-au-Prince "sous forme de versements annuels sur une période de 50 ans".

 

Il fallait en rendre compte, tant le geste, en cette date commémorative des émeutes populaires qui, en France, aboutirent à la prise de la Bastille, entre autres, est plaisant, et nous devons en savoir gré à ce journal qui l'a relayé.

Plus inquiétant, en la circonstance - mais n'est-ce pas là ce qui caractérise l'ensemble de la presse française, comme soucieuse, avant même la lettre, de se garantir du moindre soupçon de soutenir la subversion de l'ordre établi quand elle ne fait que son métier d'investigation, c'est-à-dire quand elle laisse entrapercevoir quelques obscurs recoins de la réalité  ? -  que le dit article semble davantage intéressé à se montrer un zélé auxiliaire de police tentant de débusquer le coquin en sa tanière qui a osé s'attaquer ainsi aux dignes représentations de la politique étrangère du pays des droits de l'homme, qu'au geste lui-même, à sa signification au regard des engagements non tenus pris par la France, qui ne manque jamais, en d'autres circonstances, de faire valoir ses liens historiques avec l'île d'Haïti, la première île de colonisés à avoir mis dehors le colonisateur.

 

Quand l'expression "les promesses n'engagent que ceux qui les croient" trouve ici sa tragique vérité, "Demain on rase gratis" pourrait être aussi bien l'enseigne de ces barbiers qui, chacun de leur place, se font un devoir de raser l'autre*(1)

 

 

-------------------------------------------------------------------------------------

 

 

*(1) - Note du 18 juillet 2010 - À la faveur de ce dévoilement des liens, collusions transgressives des règles  de ce que l'on livre au petit peuple comme la démocratie, l'illusion de son pouvoir, c'est-à-dire dans la mise à jour des défenses de ce VIEUX MONDE, se dessinent peu à peu des lignes de fracture entre une classe, en effet, et le reste de ce monde.


Ainsi nous donne-t-on à voir des procureurs refuser de servir autre chose que le pouvoir éxécutif, quand il devrait respecter la séparation des pouvoirs, un des piliers de la démocratie représentative ;

ainsi nous laisse-t-on apercevoir, dans la lueur des véhicules incendiés d'un quartier de Grenoble, des forces de police se gardant d'intervenir dans un quartier qu'ils auront coupé du monde, laissant quelques jeunes donner du grain à moudre à cette presse si hâtive de vendre de la peur  et de la haine, ces deux marchandises qui font à présent fureur ;

ainsi voit-on une ex-sénatrice  colombienne, n'ayant de rapport à la France que d'avoir épousé un Français, dont elle a depuis divorcé, se faire proposer une indemnisation de 450 000 € par la France pour ses six années de captivité aux mains de la guérilla des FARC, mais, grande âme, renoncer à l'offre du Fonds de garantie des victimes pour avoir été otage des FARTC en Colombie après avoir, elle-même, jeté aux orties toutes règles de précaution en se rendant le 23 février 2002 dans une zone considérée comme dangereuse ;

ainsi lit-on, dans la quasi totalité de cette presse française, soucieuse de préserver les lignes de force de la démocratie, des bonnes âmes s'émouvoir, s'inquiéter même de tout le danger que lui fait soudain courir la révélation de toutes ces brutales vérités au petit peuple qui risque alors de se tourner vers ses démons. Selon ces bonnes âmes si bien intentionnées, il vaudrait sans doute mieux conserver "un juste pouvoir" - c'est-à-dire le leur, ou, pour le moins celui, respectant, un temps encore, par tradition, par négligence,  ... (?) leurs prébendes , et tel, en effet, QUE RIEN NE FILTRE DES PUANTES RÉALITÉS DE CE MONDE EN DÉCOMPOSITION.

 

Il est symptômatique qu'à Tchernobyl, comme, à présent, dans le golfe du Mexique, la seule stratégie de ce monde inepte et aux abois soit, en dernier ressort, le confinement. On enferme, on verrouille, on étouffe, on enterre ; que rien ne se voit, ne se sache, ne filtre des conséquences terrifiantes déclenchées par la cupidité, la négligence, l'incurie conjuguées, auxquelles on préfère ajouter le mensonge jusqu'à la seconde précédant l'explosion finale, l'apocalypse  (transcription d’un terme grec (ἀποκάλυψις / apokalupsis) qui lui-même traduit l'hébreu nigla, lequel signifie mise à nu, enlèvement du voile ou révélation. Source Wikipédia)

Tel est le film biblique en 3D que ces allumés sont en effet en train de nous jouer, à l'instar de ces maharadjahs qui se faisaient incinérer avec esclaves et épouses, et que donnent à voir, aussi bien, à une autre échelle, les fous de Dieu, qui se font sauter au milieu de foules. Le totalitarisme, dans ses dernières et apocalyptiques conséquences, se laisse deviner dans les formes mêmes de sa critique totalitaire..

 

Mais voici que filtre la réalité. Aussi, bien, toujours réactif à la moindre "nouveauté", à ses dernières manifestations, le spectacle vend sa fin prochaine.

Pour autant, même s'il la préfigure, la distille, tel un poison insidieux et délétère, le spectacle de la fin n'est pas la fin du spectacle, seulement une marchandise de plus.

Les figures présentées à la Minute de la Haine, même si elles permettent son expression et finissent par tomber, ne sont pas le système lui-même, qui se recompose toujours plus à chacune de ses défaites partielles.

Le système est D'ABORD NOTRE PRODUCTION, avant que d'apparaître pour ce qu'il est, un monde détaché de nous, nous revenant   dans toute son hostilité, comme notre négatif, fjgure hideuse de NOS renoncements à vivre.,  Penser, aimer, nous organiser, décider, ne pas se laisser cliver, reprendre en nous, par des choix décisifs, ces forces qui s'en sont détachées et nous combattent..

Publié dans De la Guerre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article