Du terrorisme industriel

Publié le par Pim

Deux histoires rapportées du site le monde.fr sous la forme d'extraits d'artticles sont ici mises en confrontation.

 

 

1 - C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Celle d'un château d'eau que Rex Tillerson ne veut pas voir aux portes de son ranch, situé à Bartonville, au Texas. Avec une poignée de ses concitoyens, le citoyen américain s'oppose au projet depuis des mois. L'édifice est destiné, en particulier, à alimenter en eau les puits d'extraction de gaz de schiste situés à proximité de cette petite ville prospère proche de Dallas, selon la méthode contestée de la fracturation hydraulique.

La polémique aurait dû rester locale sauf que le propriétaire mécontent, Rex Tillerson, n'est autre que le patron d'ExxonMobil, la plus grosse compagnie pétrolière privée du monde.

M. Tillerson agit en connaissance de cause dans la mesure où il a investi plus de 31 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros) dans l'extraction de gaz de schiste depuis qu'il est à la tête de la compagnie américaine. On imagine le nombre de châteaux d'eau que cela représente. Ceux-ci peuvent pousser comme des champignons chez les autres, mais pas sous les yeux du patron d'Exxon.

http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/02/26/le-patron-d-exxon-mobil-contre-le-gaz-de-schiste-pres-de-chez-lui_4373936_3244.html

 

 

 

2 - Là, 44 000 tonnes de déchets industriels ultimes, non recyclables et hautement toxiques, gisent dans un centre de stockage unique en France, StocaMine.

Autant dire un casse-tête environnemental. Après onze ans d'inactivité, le site doit aujourd'hui être définitivement fermé. A partir du 1er avril, une partie de ces déchets sera remontée à la surface tandis que le reste sera confiné.

(...)  le risque minier se cumule au risque toxique, sans oublier que la mine est classée comme épisodiquement grisouteuse. »

D'autant qu'il y a urgence : les galeries commencent à s'affaisser, sous l'effet de la pression due au creusage. A certains endroits, les toits (« plafonds » dans le jargon minier) se sont effondrés, rendant quasi impossible l'accès aux colis de déchets, dont certains sont probablement percés ou éventrés. D'autres se corrodent sous l'effet de la chaleur.

« Plus on attend, et plus il sera difficile de récupérer les colis, s'inquiète Yann Flory, porte-parole du collectif Déstocamine, qui fédère ONG et syndicats en faveur du déstockage total. Les experts sont certains que la nappe phréatique la plus grande d'Europe sera bientôt touchée, car l'eau s'infiltre et ruisselle vers les déchets.

A la fin des années 1980, pourtant, quand l'idée d'un centre d'enfouissement souterrain des déchets est avancée, rares sont ceux qui s'y opposent. A cette époque, la production de potasse, fleuron industriel de la région, commence à battre de l'aile. Le chlorure de potassium, utilisé pour fabriquer des engrais, devient trop cher à extraire en Alsace et le bassin minier n'emploie plus que 2 000 personnes contre plus de 12 000 durant son âge d'or des années 1960.

« Le projet offrait aux gars une reconversion et permettait d'éviter qu'ils ne pointent tous au chômage », raconte Etienne Chamik, ancien mineur et délégué CFDT.

Et puis l'Allemagne offrait un exemple rassurant. Depuis deux décennies, les voisins d'outre-Rhin stockaient leurs déchets ultimes dans leurs mines de potasse. Ce minerai imperméable a horreur du vide : sous l'effet de la pression, il se referme sur les cavités creusées, offrant ainsi un confinement naturel. Pour emporter définitivement l'adhésion de la population, l'arrêté préfectoral de 1997, qui autorise le stockage pour une durée maximale de trente ans, introduit la notion de réversibilité. En cas de non-conformité ou d'incident grave, les déchets devront être retirés.

Mais le rêve de stockage propre tourne court très vite. En septembre 2002, un incendie survient dans le bloc 15. « 472 big bags contenant des engrais et du soufre, hautement inflammables, ont été entreposés sans autorisation », raconte Yann Flory. Il faudra trois jours pour maîtriser le feu et trois mois pour évacuer les émanations toxiques. Alors que 74 mineurs sont intoxiqués, le PDG de l'époque est condamné à quatre mois de prison avec sursis,

En 2010, après des années de statu quo, le ministère de l'écologie relance finalement le dossier, en commandant des rapports sur la fermeture et en mettant sur pied un comité de pilotage (Copil) composé de treize experts. Les scientifiques mettent au jour les dangers du stockage.

Alain Rollet, président de Stocamine, détaille la carte de de la mine Joseph-Else, à Witelsheim, où Stocamine entrepose des déchets toxiques.

« On a mesuré que 100 000 m3 d'eau rentrent chaque année par les parois extérieures des quinze puits, explique Jean-Claude Pinte, chef de projet StocaMine pour l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris). D'ici trois cents ans, l'eau noiera la mine, avant de parvenir à la nappe phréatique, chargée en éléments toxiques. »

En dépit de ces certitudes, la bataille fait rage entre les experts sur les modalités de fermeture

« C'est dangereux, idiot et surtout cher de vouloir tout sortir, renchérit Alain Rollet, le PDG de StocaMine, polytechnicien et ancien directeur des Charbonnages de France, que l'Etat a tiré de sa retraite pour liquider le centre de stockage. Je propose à l'Etat le scénario le moins cher. Car, au final, c'est vous, contribuables, qui allez payer. »
Audrey Garric

http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2014/02/28/dans-les-sous-sols-de-stocamine-la-bombe-a-retardement-alsacienne_4375300_3208.html

 

 

Nul besoin de commenter, si ce n'est à relever que pour fabriquer la plus-value au risque avéré, à présent, de l'empoisonnement des populations à moyen-terme, l'IDÉOLOGIE marchande ne cesse de s'appuyer sur le fait que l'industrie fournit des emplois : on vous empoisonne, mais en attendant on vous permet de survivre.

Quelle est ici la différence entre ces pratiques, cette idéologie en vogue et partout acceptée comme la règle, semble-t-il, et celle des nazis qui, sous la bannière "arbeit macht frei" faisaient travailler de manière forcée les prisonniers des camps jusqu'à ce qu'ils en crèvent. On sait que plus de trois millions de prisonniers soviétiques crevèrent ainsi dans les camps de travail forcé, considérés comme du bétail. Évaluera-t-on, de même, la quantité de civils mis en danger par le travail forcé qu'organise la survie industrielle ?

 

NdR : les éléments mis engras l'ont été par nos soins.

Publié dans De la Guerre

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