L'alibi de l'hallali

Publié le par Pim

Pour en faciliter la lecture, cet article est issu de la scission de l'article précédent dont il constituait le contrepoint.

 

Ce droit de vie et de mort, que s'octroient désormais les États dits démocratiques sur leurs populations, le voici refusé par ces mêmes "démocraties" aux dictatures qu'elles ont mis en place, avec lesquelles elles ont juteusement collaboré pour extraire toute leurs richesses qui de leur sol, qui de la force de travail de leurs populations. 

Dans l'ordre de la séparation schizophrénique qui fonde ce système, où chaque domaine semble séparé de tous les autres, voici donc ces mêmes gestionnaires afficher leur vertueuse indignation et défendre la "démocratie" en protégeant les révolutionnaires des exactions de l'autocratie - sur laquelle les mêmes s'appuyaient, hier encore, pour les protéger des vagues migratoires par l'installation de camps de rétention rémunérés par l'Europe.


Faut-il mettre au compte de l'aveuglement de l'opinion publique, en France, ou bien plutôt de sa servilité coutumière aux pouvoirs en place, de n'avoir pas démonté une aussi grosse ficelle ? Une opération marketing de dernière heure autour de ce produit qui, cet été encore, faisait prendre aux préfets des dispositions pour chasser le Rom de France, dont le gouvernement ne manqua pas d'afficher son soutien inconditionnel aux dictateurs Ben Ali et Moubarak (après que celui-ci eut été chassé, le premier ministre Fillon faisait son éloge), lui enjoint de se refaire une image de grand Manitou international et une santé électorale à moindres frais en défendant les "rebelles" en Libye, tout en - d'une pierre deu coups - mettant en scène, in situ en quelque sorte, comme en un show-room, ces fameux Rafale que personne ne veut décidément acheter.


Le boute-en-train BHL ne prétend-il pas voir se transformer soudain en chevalier blanc, sous l'effet de sa baguette magique, le grand démocrate ayant appliqué à la lettre, en France, terre d'accueil de ses parents fuyant l'arrivée de l'Armée Rouge en Hongrie, le programme du Front national et qui, dans le même temps de sa "croisade" personnelle anti-Khadafi pour sauver le peuples d'un tyran, déploie sur son territoire même une panoplie policière comme il en fut rarement vue en France ? 

Ses coreligionnaires en gestion de la planète, qui en appelèrent à raser l'Irak, ce berceau de la civilisation, ne le firent-ils pas au nom de la démocratie ? Leur bras armé, l'OTAN, ne continue-t-il pas de massacrer des populations civiles aujourd'hui en Afghanistan, toujours, il s'entend, au nom de la sainte "démocratie" ?


Au-delà de l'anecdotique politique - et des intérêts personnels que prétendent faire valoir les histrions censés la représenter prêts, manifestement, à jouer tous les rôles, pourvu qu'ils leur permettent d'accrocher l'attention sur leur insignifiante personne -, l'intérêt des colonisateurs coalisés, est bien, en l'occurrence, encore et toujours, le contrôle des puits ; "heureux zazard", les "rebelles" sont précisément dans la région pétrolifère, ou comment se créer, à moindres frais en coûts humains, tout en continuant de vendre des armes*(1), des obligés, plus dociles que le guignol imprévisible en place, trop soucieux de son image pour servir autrement que comme "démon" à la domination internationale anonyme et impersonnelle.

 

Lequel "démon" qui, hier encore, brandissait, comme un message à destination de l'Occident,  la menace d'Al-Qaïda comme le fléau qui s'abattait sur la Libye, en reprend aujourd'hui la terminologie en un savoureux mélange : "l'agresseur colonianiste croisé" !...

http://www.lemonde.fr/libye/article/2011/03/30/le-ministre-des-affaires-etrangeres-libyen-a-fait-defection-et-a-fui-le-pays_1500956_1496980.html#ens_id=1481986

 

Dans le temps même où le gouvernement chinois commence de s'alarmer de ce que des frappes répétées de la "coalition" contre les troupes de Kadhafi sont une violation avérée de la résolution de l'ONU d'une protection des populations civiles, le voici à s'entendre avec l'initiateur de cette violation sur un autre chapitre autrement plus vital, celui de l'énergie nucléaire, dont il s'agit de défendre la pérennité du programme de mort mise en place en France, comme en Chine, comme au Japon, ce en dépit de ce que l'accident de la centrale japonaise commence de montrer ses conséquences sur le territoire chinois lui-même.

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/03/29/04016-20110329ARTFIG00960-sarkozy-veut-conforter-le-nucleaire-francais-en-chine.php

 

"Presque tout le vaste territoire chinois enregistre des niveaux de radioactivité provenant de la centrale nucléaire accidentée au Japon, mais "extrêmement faibles"et ne présentant pas de risques sanitaires, a annoncé jeudi le gouvernement chinois.
De la radioactivité a été detectée dans toutes les provinces très peuplées du nord, de l'est et du sud de la Chine." - (avec AFP)

http://www.lemonde.fr/japon/article/2011/03/31/fukushima-hausse-du-taux-d-iode-radioactif_1500962_1492975.html#ens_id=1493258

 

On costatera que de Paris à Pékin, en passant par Tripoli, le mensonge est bien l'arme qui se dégaine le mieux.

 

Il est aussi bien la vérité des États qui fondent toute leur survie sur le mensonge, celui-ci n'étant jamais que l'arme ordinaire, devant leur éviter, le plus longtemps possible, d'en arriver à une situation à la libyenne.

C'est parce qu'il apparaît de plus en plus insuffisant  - il ne saurait longtemps donner le change tant les faits le ruinent -, que la Libye devient en quelque sorte l'alibi si "opportun", devant semer trouble et confusion*(2), comme Saddam Hussein fut, il y a une décennie, l'instrument des pétroliers prédateurs et autres organisateurs d'une "reconfiguration de la carte du Moyen-Orient" plus conforme aux intérêts bien compris des propriétaires des richesses de la planète*(3)

 

"Un tel humour de corps de garde, de marchands de canons pour parler clair, pourrait s'avérer, au mieux, hilarant, - puisque DÉCIDÉMENT, si l'on voulait partout ridiculiser la France, on ne s'y prendrait pas autrement que d'afficher ainsi tant d'incompétence -, au pire, conduire la nation qui la pratiquerait à devoir se doter des moyens de ses coups de menton mussoliniens." écrivions-nous dans la note 2 de notre article "Montrez cette révolution que je ne saurais voir"

On ne saurait guère mieux dire la vérité de ces gesticulations.

______________________________________

 

NOTES

 

1 - Note du 29/03/11 - Ainsi que vient de le faire savoir opportunément le gouvernement de l'État français, la France est "prête à fournir des armes aux insurgés" (Ministre des Affaires) et déjà la marine US canonne-t-elle des bateaux libyens. Qui se rappelle de ce mandat de "zone d'exclusion aérienne" déjà jeté aux oubliettes ? tandis que se pressent des propositions de laisser au tyran une porte de sortie honorable !... Bientôt le Conseil des insurgés devra-t-il demander un mandat international validant un soutien de la "coalition" pour gérer les affaires du pays et faire face aux éléments infiltrés d'Al-Qaïda ?...  

- Note du 30/03/11 - N'est-il pas de la plus haute plaisanterie de voir M. Cameron, ce jour, se débattre dans une casuistique jésuitique, lui, un protestant !, pour démontrer que la résolution onusienne enjoignant de "protéger les populations civiles" pouvait être interprétée comme une latitude donnée aux marchands d'armes de faire de l'argent, puisque, c'est bien connu, leur rôle n'a jamais été qu'humanitaire : vendre des armes aux insurgés pour un bon combat à la loyale, qui débarrasserait enfin les compagnies pétrolières des des diktats du clan Khadafi et de l'incertitude sur leur exploitation sans partage, sans avoir à envoyer la troupe comme en Irak, voilà qui ne saurait être que hautement moral. N'en déplaise aux menteurs de tout poil, la vérité finit par sortir du puits ... 

Note du 31/03/11 - http://washington.blogs.liberation.fr/great_america/2011/03/al-qaïda-et-la-cia-en-libye.html

 

2 - C'est ainsi que la "menace d'attentats" est reprise en cœur par tous les grands groupes nationaux à la moindre occasion : un simple colis suspect suffirait désormais à paralyser le trafic interégional à en croire la SNCF : défaillances et retards passent désormais à la rubrique des "actes de sabotage" ; les usagers DOIVENT entendre sans cesse que plane au-dessus de leur tête la "menace terroriste" ; pour donner plus de crédit au scénario catastrophe, le voici planté dans son décor à présent, quand les passagers se voient accueillir sur le quai entre deux haies de policiers bottés, comme aux bonnes heures de l'État français cueillant avec le filet de sa police nationale les terroristes qui hantaient les Kommandantur.

 

 3 - De même, les "révolutions de voleurs" de l'Europe de l'Est, ou celles, "révolutions de couleur" ou "révolution des fleurs" - ainsi que l'on s'empressa de nommer la révolution tunisienne pour en signifier le sens réel - téléguidées par des remake modernisés des Radio Liberty et autres Free Europe, sous le nom de Otpor -organisation financée en partie par Freedom House, émanation du gouvernement américain fondée en 1941, financée par la NED (National Endowment for Democracy), et dont on retrouve à la direction, entre autres, James Woolsey, ancien directeur de la CIA, ou Ronald Rumsfeld, dont on se rappellera peut-être le sinistre rôle  dans la guerre en Irak -, opportunément reconverti en conseil pour révolution pacifique, et dont le sigle de ralliement - un poing fermé - figurait sur les appels des "révolutionnaires Facebook" des dernières révolutions du Proche et Moyen-Orient. 

"Le journal britannique The Guardian déclara que USAID, National Endowment for Democrcy, l’International Republic Institute, le National Democratic Institute for International Affairs et Freedom House sont intervenus directement. Des informations sur les sites Internet de ces organisations (dont les quatre premières sont financées par le budget américain) confirment ses affirmations. Projet pour les démocraties en transition participe également à ce genre d'opérations.

Des activistes d’Otpor en Serbie et de Pora en UUkraine ont dit que les publications et les formations qu'ils avaient reçues du personnel de l’Albert Einstein Institution, basée aux États-Unis, ont contribué à la formation de leurs stratégies". (Source Wikipedia - Art. Révolutions de couleur)

Publié dans Libye

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article