Le bal des escrocs

Publié le par Pim

"la crise ukrainienne a « démontré la nécessité de renforcer la sécurité énergétique en Europe ». Les Européens se félicitent de la décision de Barack Obama d'autoriser les exportations de gaz naturel sans attendre une décision du Congrès."

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/26/pour-contrer-la-dependance-de-l-europe-a-la-russie-obama-autorise-les-exportations-de-gaz_4390223_3214.html

 

 

Tout y est : la "sécurité" - la peur, donc, de ne pouvoir faire cuire les saucisses -, "l'urgence" de la chose, la bienveillante condescendance du Prince, qui prend sur lui de contourner les procédures démocratiques pour pallier à "l'urgence d'une crise", créée de toutes pièces, validant, au passage, l'air de rien, toute la nécessité de la dite extraction du gaz de schiste, censée procurer "l'indépendance énergétique", clé de voûte de toute indépendance, comme on le sait depuis de Gaulle, au moins(1).

 

Voici donc un film de série Z tel qu'il aura été si grossièrement monté, et alors que la chose avait été anticipée il y a de cela plusieurs mois, années, même(2).

Que personne aujourd'hui, ne semble même en avoir cure, puisqu'il n'y a plus que çà à se mettre sous la dent, est aussi bien l'un des motifs d'un tel manque de finesse politique : la grossièreté, on le savait, est l'essence même de la politique étrangère étatsunienne - faut-il même nommer cela une politique, qui n'aura pu décidément retenir de la toute-puissance planétaire de la canonnière et de la manipulation machiavélique de son mentor, la perfide Albion, que la canonnière -, mais la voici parvenue au back ground de l'écriture : nous voici à devoir faire avec le mensonge, énoncé comme tel sans plus de précautions, comme si, derrière, les forces étaient suffisantes pour en assumer le dévoilement. On peut aussi le croire, et là, sans doute, se trouve le vrai mensonge, si l'on peut dire, car rien n'est moins certain.

 

Toujours est-il que ce qui était pratiqué par les USA dans son pré-carré américain devient aujourd'hui la norme pour l'Europe : des "crises" y sont provoquées, que la cavalerie US s'empresse de venir régler, de sorte que la dépendance soit toujours plus accomplie.

Pour autant, contrairement à ce qui est déjà partout sur toutes les lèvres d'une politique impériale US, nous pensons pour notre part que le plan réel de la chose est bien plutôt que les USA ne sont que le bras armé d'une politique impériale planétaire qui est celle de la marchandise, laquelle, pour mieux se répandre, le fait selon les théories en vogue de répartition des risques : la politique des blocs, telle qu'elle se réactive à grands coups médiatiques, est bien une politique économique, consistant, entre autres, à faire valoir la marchandise comme ce qui libère d'oppressions diverses et variées, qui peuvent aller du clitoris - à protéger absolument - à la tête du dictateur - à faire absolument tomber et sans attendre, puisque LÀ est TOUTE l'oppression -.

 

Ainsi en Syrie, que certains assimilent à la "Guerre d'Espagne" - pourquoi pas, en effet ? Sauf qu'ici les faits, toujours aussi têtus, se présentent comme inversés(3), ainsi que sur le négatif d'une photo ou d'un film -, où il semble "urgent" de faire tomber LE dictateur désigné, à la manière de ces militaires égyptiens condamnant les "contre-révolutionnaires" (sic !) et leur leader dont ils s'apprètent à faire tomber urgemment les têtes : tout est renversé, y compris le sens de l'Histoire, par ceux-là mêmes qui en endossent les oripeaux, en son nom.

"Nous, les libérateurs" proclament-ils, qui se gardent bien, évidemment - là n'est pas leur synopsis - de régler leur compte à tous ceux qui, dictateurs affichés sur la liste, ou non, gèrent l'asservissement des peuples, et ils sont au moins aussi nombreux qu'il y a d'États, mais il importe de désigner celui-là, plutôt que tel autre, et les spectateurs d'opiner du chef (!) : "Oui ! Oui ! celui-là même ! C'est celui-là qu'il nous faut nous mettre sous la dent ", sans même, par ailleurs, s'interroger du pourquoi celui-là précisément, pourquoi maintenant, etc ... Mais que de questions bien inutiles et vaines quand il ne s'agit, de fait, que d'assister sur la place de grève transformée en écran géant, à une mise à mort, de celle qui prévalait, de même, dans l'Antiquité pour valider le vainqueur jetant à la foule la tête encore sanguinolente du vaincu.

Exorciser les tensions internes, voilà le rituel, et que sur ce sacrifice d'une tête roulant au pied du "peuple" puisse se perpétuer le pouvoir et sa nécessité. Que puisse se perpétuer la dépendance au spectacle qui en est, désormais, la forme.

 

-------------------------------------------------

 

NOTES, SOURCES & LIENS

 

1 -  Sans qu'ici, bien évidemment, la question, pourtant centrale, de la dépendance à cette énergie soit même seulement évoquée, car enfin, tant d'énergie, mais pourquoi faire ? Pour faire voler les avions, rouler les trains à grande vitesse, fonctionner les serveurs informatiques, assainir les campagnes  ... pour l'économie, quoi, et ses spectateurs passifs et dociles, qui attendent bien sagement qu'on leur désigne leur "tâches" ... et qu'on leur dise la vérité sur ce qui les rend si "nécessaires", "urgentes", "indispensables" .... Vous avez dit "indépendance" ?

 

2 - "(... )  nul "Compromis historique", ici ; simplement l’Europe doit toujours davantage s'intégrer, c'est-à-dire se “libérer” de ses “dépendances” avec le fournisseur russe au profit du fournisseur US, pavanant, désormais, sur ses réserves supposées de gaz et pétrole de schiste. . Il s’agit bien de compromettre l’Europe, de lui ôter toute possibilité d’espérer reprendre langue avec la Russie qui aura servi de contrepoids dans les vélléités impérialistes étatsuniennes, comme elle aura servi de trou de l‘enfer pour les vélléités nazies."

http://bipnemo.over-blog.com/article-et-le-sourire-de-la-cremiere-122927705.html

 

Cette information avait été écrite, comme l'une de ses conclusions évidentes, à la lecture de l'article de Régis Genté, Monde diplomatique août 2013

"Le gaz de schiste chamboule la géopolitique"

Russie, Iran, Qatar, Bolivie… Réunis à Moscou le 1er juillet, les membres du Forum des pays exportateurs de gaz ont tenté de s’accorder sur une stratégie commune face à la montée en puissance du gaz de schiste. Ces producteurs traditionnels s’inquiètent. Car la nouvelle manne, exploitée en premier lieu aux Etats-Unis, n’a pas seulement dopé l’industrie locale : elle pourrait bouleverser la géographie énergétique mondiale. (...)

S’il s’avère durable, ce réajustement des composants du bouquet énergétique promet des effets en cascade. Les rapports entre l’Europe et la Russie l’illustrent bien. A l’initiative de certains Etats, comme l’Allemagne, l’Union européenne a ménagé Moscou sur quantité de grands dossiers politiques, sécuritaires ou stratégiques : jusqu’à ces dernières années, 40 % des importations européennes de gaz naturel étaient fournies par Gazprom. La marche des Etats-Unis vers l’autonomie énergétique bouleverse indirectement la donne,(...)"

http://www.monde-diplomatique.fr/recherche?s=Le+gaz+de+schiste+chamboule+la+g%C3%A9opolitique

 

3 - Voir l'article "Du péché d'hypostasie" (en cours d'édition)

Publié dans De la Guerre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article