Fin de monde

Publié le par Pim

"Des « émeutes de la faim » ont secoué ces derniers jours l’Egypte, le Maroc, l’Indonésie, les Philippines, Haïti — où elles ont fait au moins cinq morts et abouti à la chute du gouvernement —, ainsi que plusieurs pays africains : Nigeria, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mozambique, Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso...
Si l’Afrique est particulièrement vulnérable, c’est parce qu’elle subit la « destruction systématique de ses agricultures vivrières », dénonçait Jean Ziegler, rapporteur spécial de la commission des droits de l’homme des Nations unies pour le droit à l’alimentation, dans un article publié en mars sur le site du Monde diplomatique (« Réfugiés de la faim »).
« Entre 1972 et 2002, le nombre d’Africains gravement et en permanence sous-alimentés a augmenté de 81 à 203 millions. Les raisons sont multiples. La principale est due à la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne."
Les Etats industrialisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont payé à leurs agriculteurs et éleveurs, en 2006, plus de 350 milliards de dollars au titre de subventions à la production et à l’exportation. L’Union européenne, en particulier, pratique le dumping agricole avec un cynisme sans faille. Résultat : la destruction systématique des agricultures vivrières africaines.

"L'Europe, non seulement veut développer les biocarburants, mais, dans les négociations internationales, elle maintient une politique protectionniste qui déstabilise depuis longtemps les agricultures du tiers-monde et freine la réduction de la pauvreté.
"Quant à la responsabilité de la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, elle est également considérable. Pendant des décennies, ces institutions ont expliqué aux pays émergents que l'agriculture avait son avenir derrière elle. Les pays émergents ont ainsi favorisé les cultures d'exportation, destinées à leur rapporter des devises ; ils récoltent aujourd'hui les fruits amers de cette politique. Ainsi le Sénégal exporte des produits alimentaires - que l'Europe taxe quand il a l'audace de vouloir les transformer sur place -, mais doit importer environ 80 % du riz qu'il consomme. Or, non seulement le riz devient rare, mais les spéculateurs en font parfois grimper les prix de 30 % en une journée. La générosité soudaine de l'Occident ne saurait faire oublier la part de responsabilité qui est la sienne dans la crise majeure qui menace aujourd'hui."

"Avant la flambée des prix déjà (...) 854 millions de personnes étaient gravements sous-alimentées. C'est une hécatombe annoncée", met en garde M. Ziegler, dans un entretien à Libération publié lundi.
"On va vers une très longue période d'émeutes, de conflits, des vagues de déstabilisation régionale incontrôlable", déclare-t-il.

"La guerre contre le terrorisme sera longue" avait prévenu M.Bush, "visionnaire" de l'Ordre Nouveau. Les pauvres pourront, par glissement sémantique, devenir les "terroristes" de demain, cibles bien réelles de cette prémonition des organisateurs de cet appauvrissement généralisé qui, tel un tsunami, atteint des quartiers encore exotiques, avant de s'enfoncer plus visiblement dans les métropoles européennes. 


Symptômatique de cette Europe vieillissante et frileuse qui a peur de son ombre, repliée et jalouse de ses prérogatives d'Empire dans ses isolements et ressentiments, pour autant toujours aussi arrogante vis à vis du monde qu'elle continue de piller, M.Berlusconi a obtenu, lundi 14 avril en Italie, un troisième mandat de président du Conseil, avec une participation de 80 % : Berlusconi 47.1 % soit 37,68 % des électeurs inscrits ... et 30,48 % pour le centre gauche.
La Ligue du Nord (régionaliste, xénophobe et antieuropéenne) réalise un score bien meilleur qu'en 2006 en recueillant 8,1 % des voix au Sénat, contre 4,4 % aux dernières législatives. Le chef de la Ligue, Umberto Bossi, qui avait récemment menacé de "prendre les fusils contre la canaille romaine", a cherché à rassurer lundi soir : "Berlusconi est un ami. Nous avons respecté notre parole, il ne sera jamais otage [de la Ligue]."
La Gauche arc-en-ciel (communistes et Verts) a été laminée, ne recueillant que 3,1 % des voix à la Chambre contre 10,2 % en 2006.
M. Berlusconi, qui a été reconnu coupable à plusieurs reprises, mais a bénéficié du raccourcissement de la prescription voté par sa majorité, a mené par deux fois l'Italie au bord du précipice (1994, 2001-2006). Maintenant, il faut faire un grand pas en avant !

"Vox populi, vox dei !" En l'occurrence, on s'intéressera à identifier ce "deus" de la médiocratie. Aurait-il le visage des média, dont l'heureux élu est le patron en Italie ? N'ont-ils pas aussi permis la réélection de Bush, ou l'élection de Sarkozy ?
Comme dans un jeu de miroirs, leur lecteur est cet électeur européen type, calibré tel un œuf de poule en batterie au point de se reconnaître dans ce luxe de superette qui lui est spécialement concocté, anesthésié dans l'univers calfeutré et climatisé de ses cercueils roulant à grande vitesse qu'il prend pour le comble de la liberté et du bonheur, cet électeur qui accepte que sondages et autres spécialistes de la chose publique s'en occupent pour lui tant il est occupé de sa seule image et de sa conformité avec le modèle qui lui est vendu, qui a déjà donné son aval à ce monde, fait pour lui, croit-il. Ne peut,-il, en effet, où qu'il soit, s'y mirer, chacun de ses gestes ayant été dûment paramétré, avant même qu'il ne les accomplisse, afin que jamais il ne se perde
Son représentant lui-même n'est-il pas totalement à son image, pense-t-il, quand la stupidité le dispute, désormais sans vergogne, à la grossièreté, flattant la haute opinion qu'il a de lui-même en lui démontrant qu'il n'est nul besoin d'être cultivé ou particulièrement intelligent pour "représenter le peuple". Il suffit d'être "malin", rusé, roublard. Alors peut-on proposer un simili-programme se contentant de faire rire, de flatter le ressentiment des petits en ridiculisant les puissants. Il suffit de les faire rêver à une puissance qu'ils n'auront jamais, comme à Carnaval, où les esclaves se déguisent en maître.
Et le réve, aujourd'hui, pourrait-il être autre que celui de posséder ce qui fait le pouvoir, l'argent ? Rien ne change sous le soleil, l'homme marche toujours à quatre pattes : les gueux étaient pour le roi, et ils le manifestaient, dans le but de recevoir quelques miettes en retour... aujourd'hui, ils votent pour un homme aux poches pleines ...
La BERLUCRATIE, ou le pouvoir de l'aveuglement du peuple, qui tel un chien en cage, se tourne de droite et de gauche, ne parvenant pas à trouver la place qui lui revient de droit, pourvu qu'il en prenne conscience, et s'y attelle.
Ce ne saurait tarder, quand, mis au pied du mur, il devra découvrir le décor de carton-pâte.

Pour l'heure, il doit en respirer les effluves pestilentielles émanant de ses emballages, et supporter les rats, en attendant la peste, brune ou bien réelle, quand la modernité devait, à jamais, laisser le Moyen-âge aux livres d'histoires à faire peur.

Il n'y a pas que Naples qui soit encombré d'immondices, en Italie ! La maffia se frotte les mains !
Dans un article du journal Le Monde  daté du 31.01.08., Jean-Jacques Bozonnet notait :
"Le rapport annuel de la Direction nationale antimafia (DNA), rendu public mardi 29 janvier à Palerme (Sicile), a mis en évidence les liaisons dangereuses qu'entretiennent des hommes politiques italiens et les chefs de clans mafieux en période électorale, en particulier dans le sud du pays.

"Au cours de la dernière année, une bonne vingtaine de procédures ont été ouvertes en Campanie, en Calabre, en Sicile au titre de l'article 416 du code pénal punissant "la distribution d'argent en échange de la promesse de votes électoraux provenant d'une association mafieuse". Ces actions judiciaires visent des élus de tous bords, mais aussi de nombreux responsables d'administrations publiques.
Lundi 28 janvier, l'arrestation en Calabre de 18 personnes, dont un conseiller régional et plusieurs dirigeants des services régionaux de santé, est venue étayer les statistiques du procureur national antimafia Pietro Grasso.

"Ce coup de filet, opéré dans le cadre de l'enquête sur la mort du vice-président de la région Calabre, Francesco Fortugno, assassiné le 14 octobre 2005, "démontre l'existence de liens entre mafia, politique, services de santé et administration", ont expliqué les carabiniers. (...) Le mobile apparaît désormais clairement à la lumière de l'ordonnance de plus de 1 000 pages délivrée par les magistrats de Reggio de Calabre : M. Fortugno avait été élu par surprise sur la liste de la Marguerite (centre-gauche) à la place du candidat soutenu par la Ndrangheta, la mafia locale. Son élection "remettait en question, voire détruisait, les équilibres politico-économico-mafieux", ont écrit les juges.
"Le siège de M. Fortugno était revenu au suivant sur la liste de la Marguerite, Domenico Crea, passé depuis au centre-droit, et aujourd'hui mis en examen pour "complicité d'association mafieuse". L'enquête a notamment montré ses nombreuses interventions pour conditionner le système de santé publique calabrais au profit de la Ndrangheta, mais aussi pour son enrichissement personnel à travers une clinique privée gérée par son fils.
Selon le parquet antimafia de Reggio de Calabre, l'élection surprise de Francesco Fortugno, homme politique peu conciliant, "avait privé la Ndrangheta de son référent idéal".

"Dans la région de Naples, c'est également les relations entre le pouvoir politique et le secteur de la santé qui ont valu ses ennuis à Clemente Mastella, l'ex-ministre de la justice de Romano Prodi, contraint à la démission après que son épouse Sandra Lonardo Mastella, présidente du conseil régional de Campanie, a été accusée d'avoir exercé des pressions pour des nominations à des postes de responsabilité.
Patron du petit parti chrétien-démocrate Udeur, M. Mastella a ensuite provoqué la chute du gouvernement Prodi en quittant la coalition. L'assignation de son épouse à résidence a été assouplie, mardi, par le tribunal de Naples : elle peut sortir de chez elle, mais pas de sa commune.

"Condamné à cinq ans de prison pour avoir prévenu des mafieux qu'ils étaient mis sur écoutes dans le cadre d'une enquête judiciaire, le président de la région Sicile, Salvatore Cuffaro, membre de l'Union des démocrates du centre (UDC), a démissionné lui aussi de son mandat, samedi 26 janvier. Sa volonté affichée de rester en poste malgré la condamnation avait soulevé un tollé, y compris à droite.
En 2007, alors que son procès était en cours, et malgré les soupçons de collusion mafieuse qui pesait sur lui, M. Cuffaro avait été réélu assez facilement pour un second mandat. Son chef de file, Pierferdinando Casini, l'aurait déjà assuré de la tête de liste UDC pour le Sénat en cas d'élections législatives anticipées."


Ce billet a été écrit en détournant ou citant des articles pris dans Le Monde diplomatique, Le Monde, ainsi que des commentaires des lecteurs du monde.fr

Publié dans De la Représentation

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