Du présent, de sa domestication

Publié le par Pim

Pour nous rafraîchir décidément le regard et les idées qui vont avec, un petit cadeau, pour nos proches et correspondants, lediazec notamment, qui nous a gratifiés, hier, d'un texte bien sympathique, "La vie à inventer", sur le site "Cailloux dans l'brouill'art". Extraits :

"Au milieu de cette craspouille, coule une rivière qui s'appelle la vie. Pleine d'un courant vivifiant, ou va et vient une poiscaille frétillante à la recherche de ce que fait la vie et le plaisir de la vivre et de la partager sans devoir la subir comme un châtiment que nous aurions mérité. (...)
"La vie d'avant le système, d'avant le vol organisé. La vie d'avant la corruption. D'avant les gangs. D'avant l'aliénation. Celle qu'il va nous falloir peut-être un jour inventer, histoire de ne pas claboter idiots."

http://rodolediazc.blogspot.fr/2014/03/la-vie-inventer.html

 

  Exploration du principe d'Archimède en compagnie d'un V.I.E

 


Bubbles  et Bella

https://www.youtube.com/watch?v=RR0BlQzbOUk 

 

 

 

Cette vidéo figurait sur l'article d'hier, ressourcement - bien virtuel - face à la négation sans répit dont notre existence est l'objet de la part de la marchandise et de ses gestionnaires.

 

  À y réfléchir, en observant mon compagnon, qui n'est heureux le plus souvent que lors de nos balades, je prends la mesure de ce que, pour évoquer l'idée d'une vie libre, il nous faut, de plus en plus, faire référence à nos cousins qui n'ont pas eu l'insigne honneur de pouvoir se dénommer "humains" ...

On sait, à ce propos, que tous les clans, à quelques exceptions près peut-être, n'ont eu de cesse que de s'auto-proclamer "NOUS, les humains", jusqu'à la "première démocratie du monde" dont l'acronyme commence par US - Nous -. On remarquera ici l'absence du qualificatif "humain" ; ce n'est là, n'en doutons pas, qu'une manière d'insister sur l'évidence du fait ...

En tout état de cause, une telle proclamation de la part des groupement humains pour s'identifier, montrer leur appartenance à ce qui serait censé se distinguer de l'animalité, est aussi bien l'affirmation de la faiblesse d'une telle certitude. Si cela était aussi évident, on doute qu'elle serait ainsi revendiquée.

 

Toujours est-il que, voici, à présent, face à nous, la vie animale qui serait comme notre recours ultime à une représentation de la "Nature" telle que nous souhaiterions l'imaginer.

Voilà la mesure, au moins de ce que, n'ayant eu de cesse de nous en séparer, de nous en éloigner à grandes enjambées de nos prothèses toutes plus sophistiquées les unes que les autres, il ne nous reste guère d'autre choix pour évoquer l'idée d'une vie libre, authentique. Les hommes ont déserté ce paysage, en dépit de quelques évocations bien marginales de ci, de là ....

 

Serait-ce, pour autant à dire que, sous le fleuve boueux de nos déchets, la vie suivrait son cours ?

Chacun sait bien que non, même s'il souhaiterait le contraire : il n'y a qu'à considérer la pollution, bien sûr, des fleuves, des océans de l'antartique, du sommet des montagnes - chaque grimpeur de l'Everest est sommé de redescendre 8kg de déchets, désormais, dernière décision du gouvernement népalais soucieux - économie oblige - de sauvegarder l'image d'un "tourisme vert" ... ou blanc, comme on voudra - ; il suffit de considérer ce que l'on a fait subir aux chiens, notamment, en réduisant de plus en plus leur taille, de sorte à ce qu'ils s'adaptent, eux aussi, bon gré, mal gré, à l'urbanisation et à la taille des chambres à louer ... ; mais plus exactement encore, il y a un vocable qui rend compte de cette folie "humaine", de cette aliénation qui consiste à d'une part fuir la nature, et d'autre part à tenter de la réduire à une image manipulable à loisir : c'est la domestication.

 

Celle-là même qui a fait de l'homme  ce qu'il est - et ce n'est guère joli - a aussi réduit la nature à cette "humanité" là : la nature réduite à une CHOSE de l'homme, qui s'est lui-même réduit à n'être que la "chose" de sa propre folie démentielle. La réification a frappé et nous livre à présent - tout se présente selon deux faces - un visage humain de la "bête" féroce qu'aujourd'hui encore l'on poursuit en quelques lointaines et arrières-cour de la "civilisation planétaire, afin de lui mettre la corde au cou.

 

Aussi bien, la vidéo qui figure en début de cet article nous livre-t-elle ce visage de la "nature", pacifié tout en étant suffisamment libre - dans les limites qui lui sont imparties - pour satisfaire notre fantasme de la "liberté".

 

C'est ce fantasme là, sans cesse cultivé, que l'on retrouve, curieusement, dans la notion d'abondance, sur laquelle nous avons pu écrire, ici, qu'elle était "d'abord une forme de désinvolture à laquelle elle semble inciter".

C'est cette "désinvolture", cette apparente décontraction, cette image d'une liberté enfin retrouvée, sous le fatras des exigences de la soumission, que nous souhaitons retrouver chez ces animaux jouant, comme dans l'idée de l'abondance. 

Pour autant, ce que nous retrouvons là, n'est, en fait que la "domestication", le résultat auquel elle est parvenue de fabrication d'une nature insouciante puisque protégée par son statut même de "réserve" de "nature". 

 

C'est là, bien évidemment, toute la duplicité de ce monde qui fait croire - kolossal mensonge, mais essentiel à sa survie -, qu'il n'est pas fondamentalement un monde de violence, qui réserve à cet effet, des "poches" pacifiées en dehors desquelles la violence, son être même, se déploie sans vergogne, peut-être même avec d'autant plus de force.

On croit retrouver là les époques du Moyen-âge européen, en lesquelles certaines aires étaient préservées - relativement - par l'église ; ainsi les monastères, par exemple. Relativement, car il n'était pas rare, non plus, qu'un monastère fût dévasté par quelque bande peu encline aux envolées celestes, ou alors avec les moniales. Aujourd'hui de telles poches sont bien peu protégées d'une pollution qui ne s'embarrasse ni des frontières ni des lois.

 

En d'autres termes, la désinvolture que nous aimons retrouver chez ces animaux libres et qui est le fait de leur domestication, est bien plutôt l'image de notre propre domestication. C'est dans l'image de ces animaux heureux- du moins le suppose-t-on dans l'image qu'on aime à y contempler de l'insouciance - mais domestiqués, que nous nous retrouvons animaux domestiqués et heureux - du moins, le dit-on - de n'avoir rien à prendre en charge, totalement dépendants de cette méga-organisation (in)"humaine" pourvoyant au moindre aspect de notre vie.

Nous voici devant cet étrange dilemne qui veut que la domestication soit ce qui permet aujourd'hui la désinvolture, et non, comme ce le fut, une maîtrise de soi, telle qu'elle pouvait être le fait de guerriers par exemple, ou de ce que l'on appelait des "sages", lesquels s'étaient en effet domestiqués eux-mêmes de sorte qu'ils parvenaient assez aisément à domestiquer ceux qui étaient encore le jouet de leurs impulsions.

 

Que voulons-nous ? ce "bonheur insoutenable" de n'avoir plus rien à produire rééllement de notre vie, et donc rien, non plus, à en contrôler - à l'image de nos gouvernements, qui nous représentent en définitive si bien, incapables, mais n'ayant rien, non plus à décider - , ou bien d'avoir à décider ?

À cet égard, ce qui se joue en Crimée pourrait bien être une manifestation de cet affrontement entre la domestication totale, le spectacle intégré de la ménagerie dont nous serions les gentils fauves castrés - tandis que la marchandise qui nous produit s'occupe de toute l'intendance -, et la dite "dictature", où le politique a encore un sens, en ceci qu'elle dicte encore les limites de la marchandise. La domestication n'y est pas véritablement moindre en termes de quantité. c'est plutôt sa nature qui est différente.

Au delà de cette "guerre froide" que le spectacle nous remet à ressucer, existe en effet une troisième voie à inventer, qui est celle de la vie.  Encore faut-il pour cela au moins deux conditions

. Être encore capables de vouloir ;

. ne pas avoir de craintes de l'avenir, telles que le dressage au cocooning nous y aura habitués.

Publié dans De la Dépossession

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B
<br /> Heureusement, il existe encore des "réserves" arrachées de force au nivellement de l'homo consommatus : ainsi de Marinaleda, de la ZAD de Notre Dame des Landes. Pour "nos maîtres", ces enclaves<br /> de liberté volontaire et constructive sont insupportables, au même titre d'ailleurs que ces États d'Amérique du Sud redevenus maîtres de leur destin. Peu à peu, la résistance s'organise, malgré<br /> les horribles soubresauts de la bête qui veut tout dévorer en un même cloaque indifférencié et nauséabond.<br /> <br /> <br />  <br />
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P
<br /> <br /> "Peu à peu, la résistance s'organise, (...)"<br /> <br /> <br /> On ne peut que le souhaiter, et, mieux encore, faire en sorte, pour ce qui concerne chacun de nous, que cela soit une réalité.<br /> <br /> <br /> De mon point de vue, la "Zone d'Aménagement Déconcertant" de NDDL n'est pas une "réserve arrachée au nivellement" : une "réserve" est ce qui, pour la boutique, permet<br /> de stocker pour vendre de manière différée. Voilà ! l'échange y préside, en dépit des apparences, et c'est pourquoi les "réserves naturelles" sont elles un leurre, pour ceux qui veulent<br /> y croire, mais aussi, et surtout, un entrepôt d'aménagement différé, et, en attendant le jopur où ... de vente d'une marchandise en cours de promotion.<br /> <br /> <br /> Arracher du temps et de l'espace ne peut, en aucun cas, me semble-t-il, prétendre à une quelqconque permanence, tant que des liens ne sont pas établis avec les problèmes fondamentaux que se<br /> posent cette société - ou, plus exactement, qu'elle pose sans en avoir véritablement encore conscience ; c'est bien là le problème -.<br /> <br /> <br /> Il me semblait avoir formulé quelques fondamentaux de ces questions ; je me serai donc mal exprimé. Il me semble, en tout état de cause, que subsiste beaucoup d'illusions sur nos forces réelles.<br /> La conscience est notre arme absolue. Il n'est pas sans importance que des territoires, du temps, des moments de poésie se trouvent "arrachés", ou surgissant par le plus merveilleux des<br /> hasards  : ce n'est qu'à partir de tels points que peut s'ébaucher une autre perspective, mais celle-ci ne saurait surgir de la seule extension quantitative de ces points,<br /> comme ton point de vue le laisse supposer, ni de quelconques États, fussent-ils des points noirs dans l'organisation programmée de l'Empire.<br /> <br /> <br /> Comme l'a démontré la "Guerre froide", ils existent, au contraire, comme "ennemis souhaitables" à désigner aux populations "protégées", de sorte à renforcer le pouvoir<br /> de l'empire sur ces populations apeurées.<br /> <br /> <br /> Au risque de me répéter, une telle eplosion de joie, sera d'abord un accès qualitatif à un point d'explosion de l'idéologie dominante.<br /> <br /> <br /> Merci de ton commentaire, qui m'oblige à préciser mon point de vue.<br /> <br /> <br /> <br />