Cannes a sonné pour Hellènes

Publié le par Pim

 "Avant les Lumières, Έλληνες signifiait seulement païens, polythéistes", autrement dit de ceusses qui ne croient pas en les vertus de l'économie ou en les préceptes de ses grands-prêtres, lesquels le leur rendent bien qui ne croient pas en leurs vertus.

C'est ainsi que Le directeur du FMI, en personne, expliquait dans une sorte de clip diffusé sur la chaîne Canal + et destiné à rassurer les Français sur leur prochain potentiel mentor : "La réalité, c'est que ces gens-là, ils sont dans la merde. Et y sont gravement. Ils ont beaucoup bricolé, ils savent très bien qu'ils ne paient pas d'impôts, que c'est un sport national de ne pas payer d'impôts en Grèce, que ça truande un maximum."

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/03/15/une-petite-phrase-de-strauss-kahn-mecontente-les-grecs_1493585_823448.html

 

Ne voilà-t-y pas ce même directeur du FMI aujourd'hui lui-même en la mierda ?

 

Que celui-ci se trouve aujourd'hui "gardé à vue" en un cul de basse-fosse de la ville de New York - cité du puritanisme débridé, comme chacun le sait -, pourrait faire l'objet d'au moins deux interprétations ; chacune d'entre elles fera la une des media, amplement débattue, puisqu'il faut occuper l'auditoire, bien que chacun d'entre nous ait toutes les raisons de s'en moquer en son for intérieur, au point même d'en rire à gorge déployée si cela pouvait paraître charitable.

 

1er scénario envisageable : un faune rôde dans la ville ; normal, he's a Froggy qui, comme chacun le sait depuis l'Antiquité au moins, ont la cuisse chaude.

Déjà Ronsard, un poète francais, bien évidemment - c'est dire l'ancienneté de la chose -, champion de la lutte contre le protestantisme, s'était livré à ce genre d'apologie de la cueillette dans ses Sonnets pour Hélène, chantant le carpe diem, incitation à l'hédonisme le plus fort, peut-être le plus aveugle (wikipédia, article carpe diem), en un mot à la licence la plus débridée. C'est à cette licence que se livrent d'ailleurs ceux-là mêmes qui sont en charge des affaires, poussant l'audace jusqu'à faire du précepte le nom de l'une des tours de leur quartier d'affaires ... à Paris, comme il se doit.

L'homme est victime de ses démons. Épicurien invétéré, le voici à courir le guilledou, franchissant allègrement toutes les barrières, y compris sociales, pour se livrer à quelque amours ancillaires, au mépris de toute prudence eu égard à ses fonctions, c'est-à-dire aveuglé au point d'en devenir subitement imbécile et sans retenue devant la première passante - laquelle, mais ce n'est là qu'une option du scénario, peut, en bonne étatsunienne, être une adepte du procès en sorcellerie.

Il paraît qu'une telle faveur, qui fait le bonheur des avocats, rapporte mieux que les ménages, fut-ce dans un palace, voire que le loto  ; un Étatsunien averti prend la précaution de ne jamais monter seul avec une femme dans un ascenseur ; alors, un homme sortant nu de son bain devant une femme qui a pu pénétrer dans la chambre du patron du FMI, bien naturellement dénuée de toute protection ou filtrage particulier !... -.

Qui s'étonne de ce qu'une femme de chambre ait pu pénétrer seule dans une suite - à 3 000 $ la nuit - alors qu'elles ont généralement en équipe pour une telle surface, et par simple précaution de sécurité - ne serait-ce que pour parer à ce type de mésaventure - non informée par sa hiérarchie de ce que le client, prestigieux, n'avait pas quitté sa chambre. Défaillance du service d'étage et de la direction de l'hôtel en matière de sécurité de leurs équipes et des clients qui payent quand même pour ce minimum là ? Hum ! Faudrait voir à voir des accords passés et avec qui par cette direction en la matière ...

Qui s'étonne, alors, de la précipitation avec laquelle le processus judiciaire a été enclenché, en moins de 3h - ici la direction de l'hôtel n'a pas failli ! ... Comme si tout était déjà prèt ?

(MAJ du 16/05/2011 - la victime présumée affirmait dans un premier temps avoir été agressée vers 13 heures. Mais selon plusieurs sources, Dominique Strauss-Kahn aurait quitté l’établissement à 12h28. D’autres affirment qu’il aurait retrouvé sa fille pour un déjeuner vers 12h15, avant de se rendre à l’aéroport JFK pour prendre son avion. Cependant, la police serait revenue sur ses déclarations initiales, affirmant à  Libération.fr, que l’agression avait finalement eu lieu une heure plus tôt, soit aux alentours de midi.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20110516.OBS3261/affaire-dsk-details-et-zones-d-ombre.html)

En d'autres termes, à la façon des procès soviétiques, les éléments de la réalité doivent être justifiés par le scénario !


Si le fait était néanmoins avéré - le coup de sang ; l'habitude des petits cadeaux à la sauvette par de "délicats et attentionnés amis très au fait de vos petites manies", ... -  il serait alors plaisant de constater à quel point le château brûle, et combien l'arrogante aristocratie de l'argent ne serait plus composée que de fous furieux se moquant de leurs devoirs et s'arrogeant un neo droit de cuissage. C'est en effet ce qui vient à l'esprit du peuple, après les Berlusconi, les Polanski, ... Mais c'est aussi ce dont certains, et non des moindres, entendent tirer le meilleur parti*(1) en en diffusant généreusement l'image, et jusqu'aux anciennes, qui se rappellent, soudain, quelques décennies après, ....Il y a en effet toujours moyen de faire parler les morts.

 

Nous atteignons ici au second scénario possible, beaucoup plus sombre et complexe, quasiment imbitable pour le protestant moyen et le non-initié aux arcanes tortueuses de la politique, laquelle ne néglige jamais de se servir des talons d'Achille de ses acteurs afin de mieux les compromettre, c'est-à-dire s'assurer de leur loyauté indéfectible  : une guerre sans merci se livre - à peu près comparable à la Guerre de Troie - au sein du Kapital international, entre deux options.

Le procédé a semblé fructueux pour l'angélique Assange. Le voici réitéré pour le canasson bien connu introduit dans la cité du Mal, retourné par une banale affaire telle qu'elle sévit dans le roman de gare et autres affaires d'espionnage industriel ; le coup classique ; la belle séduit le gaillard pour le compte de ....

Spectateur amusé des cracheurs de venin qui se répandent au moindre coup fourré de la domination, colportant les intérêts de ceux qui les appointent, chacun observera, de son point de vue, quel est le clan se réjouissant de la chose.

 

L'institution financière internationale serait à devoir répondre à un contexte troublé dans lequel les décisions à prendre devront être en tous points conformes à certains intérêts bien compris. Aux dernières nouvelles, le remplaçant de M. Strauss-Kahn à la direction de l'institution internationale sera un Étatsunien.  

"(...) comme chacun peut le constater depuis plusieurs semaines, le Printemps 2011 a bien apporté l'austérité aux Etats-Unis (2), une grande première depuis la Seconde Guerre Mondiale et la mise en place d'un système global fondé sur l'aptitude du moteur américain à générer toujours plus de richesse (réelle dans les années 1950-1970, puis de plus en plus virtuelle à partir de cette date) (...)

Banques centrales, système bancaire mondial, fonds de pension, multinationales, matières premières, population américaine, économies de la zone Dollar et/ou dépendantes de leurs échanges avec les Etats-Unis, … c'est l'ensemble des opérateurs structurellement dépendants de l'économie US (dont le gouvernement, la Fed et le budget fédéral sont devenus les composantes centrales), des actifs libellés en Dollars ou des transactions commerciales en Dollars qui vont subir le choc frontal de 20.000 milliards d'actifs-fantômes disparaissant purement et simplement de leur bilan, de leurs placements ou générant une baisse majeure de leurs revenus réels."

http://www.leap2020.eu/GEAB-N-54-est-disponible-Crise-systemique-globale-Automne-2011-Budget-T-Bonds-Dollar-les-trois-crises-americaines-qui_a6328.html

Déjà certains groupes d'information se font l'écho de ce que "(...) les Etats-Unis, le Canada et de grands pays émergents se sont récemment inquiétés auprès des pays de la zone euro qu'une partie importante des ressources du Fonds soient consacrées à l'Europe, à la Grèce en particulier, au détriment d'autres zones dans le monde, selon des diplomates (AFP).

http://www.france24.com/fr/20110515-linculpation-patron-fmi-tombe-mauvais-moment-zone-euro

"Ce lundi, la dette américaine dépassera son plafond de 14.294 milliards de dollars, à partir duquel l'État fédéral ne peut plus emprunter. Sans compromis entre le Congrès et la Maison-Blanche avant le 2 août, les États-Unis seront en défaut de paiement.
Depuis plusieurs mois, le G20 et le FMI, mais aussi l'Europe, le Brésil, la Chine, et les agences de notations pressent les États-Unis d'assainir leurs déficit et dette publics démentiels. Aujourd'hui, l'État fédéral américain a le couteau sous la gorge: lundi, la dette américaine devrait toucher son plafond - déjà relevé en janvier dernier -, fixé à 14.294 milliards de dollars, et à partir duquel les États-Unis ne pourront plus emprunter.
Autrement dit, les États-Unis sont au bord de la faillite."

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/05/14/04016-20110514ARTFIG00533-les-etats-unis-a-moins-de-trois-mois-de-la-faillite.php

 

(MAJ du 16/05/2011 - Personne, cependant, ne saurait douter de la loyauté du grand argentier vis à vis de la main (invisible) qui le nourrit.

Cela rend improbable et d'autant plus mystérieux le fait qu'un complot ait pu être ourdi, visant à désactiver le directeur général de l'institution financière, et néanmoins candidat potentiel à la prochaine élection présidentielle de l'État français.

Un site propose quelques éléments de réponse :

"La politique ultra-réactionnaire ne peut se permettre d’investir un homme déjà largement détesté par une partie du corps social. Pour imposer « des sacrifices » aux peuples, on sort plutôt un Obama de son chapeau, un type sympa, cool, qui fait peuple mais qui rassure les actionnaires et les spéculateurs ."

http://www.mecanopolis.org/?p=23251

Y aurait-il lieu d'ajouter que la bonne connaissance de certains dossiers du fait de sa présente fonction pourrait faire de l'ombre à certains intérêts comme président d'une petite république européennee insuffisamment vassalisée, alors même que la précédente mandature, celle de l'actuel proconsul, s'est si fort employée à faire disparaître tout "malentendu"  (OTAN, fonds de pension, ...) ?

Certains, déjà, ne voient-ils pas dans le possible blanchiment soudain de l'inculpé d'une si rocambolesque histoire, après l'humiliation largement médiatisée - les menottes, par exemple, pour ne parler que de cela, étaient-elles réellement nécessaires à autre chose qu'à bien marquer que le potentiel présidentiable de la France et actuel président du FMI n'était qu'un justiciable comme les autres ? Est-ce assez dire le caractère profondément démocratique des USA et de leur justice et, conséquemment, la vassalité de tous les petits rois qui se promènent sur leur territoire ? -, une manière de lui ouvrir un boulevard comme "martyr de la résistance à l'oppression de la toute-puissance étatsunienne" ?... Les Étatsuniens n'aiment pas les arrogants Frenchies - qui se font parfois tirer l'oreille à reconnaître toute la bienveillante et si désintéressée suprématie de l'Empire du Bien -, lesquels le leur rendent bien. Voilà qui toucherait alors au sublime de la machination !...

 

La juge étatsunienne vient de refuser la libération sous caution du directeur général du FMI, au motif que celui-ci, arrêté dans un avion, est donc désireux de jouer les filles de l'air !... A-t-elle a lu le dossier, ou, plus simplement, les instructions reçues, le mode d'emploi préconçu de l'affaire ? 

Une telle cohérence dans la poursuite de l'humiliation infligée, du jour au lendemain, au second personnage le plus influent de la planète, ne peut venir que de très haut et, pour le moins, avoir comme visée que l'homme, ou, plus exactement, ce qu'il représente, ne se relève pas de l'épreuve, alors même que le monsieur a redonné à l'institution une vraie capacité de décision face à des USA déclinant, perdant leur hégémonie et, the last, but not the least, en prenant soudain conscience à la faveur de leur faillite.

On comprendra alors aisément que ce qu'il représente est surtout la possibilité d'une multipolarité de décision dans un tel contexte et que sa potentielle candidature comme président d'un pays déjà suspect de non-alignement et de vélléité autonomiste devait être écartée d'un revers de jupon afin que se poursuive jusqu'à son terme la mise à genoux d'un pays par les forces qui s'en sont emparées et dont ce fut et demeure le programme minimum simplifié : réduire toute exception, telle qu'elle caractérise encore la France comme son souvenir à présent, une puissance publique livrée aux barons de l'argent, faire du pays une province, comme les autres, de l'empire marchand dont la tète reste à ce jour anglo-saxonne ; jusqu'aux procédures judiciaires qui devraient à présent se caler sur les méthodes mercantiles du "plaider coupable" de la justice anglo-saxonne, par lequel le procureur à charge se moque de la vérité puisque sa seule quête est celle de figurer comme ayant obtenu la tête de l'accusé.)

 

Bref ! l'espionnage règne en maître et avec lui son cortège de coups tordus et de confusion - la cinquième colonne de la domination -, installant le désarroi quand tout est pourtant si limpide :  la guerre fait rage au palais pour la succession entre les clans de la rose rouge et de la blanche, et le Kapital, qui a la main (invisible) sur ses marécages, doit décider s'il est bon, notamment, d'installer durablement le fascisme en France ou si le cyclope est, pour l'heure, provisoirement HS, ce qui semblait en effet être le cas avant cette affaire, puisque déjà mis sur la touche en attendant LE Sauveur.

Dans le contexte actuel de bouleversements répétés, où il semble devenu quasi naturel et légitime que la première démocratie du monde libre assassine désormais n'importe où sur la planète qui elle a décrété, sans procès, qu'il était coupable, il n'est pas illégitime de se poser la question de ce qui se dessine.

Sans en préjuger, la manipulation grossière - à la façon des procès de la bureaucratie soviétique, éliminant par la mise en scène d'éléments "probants" ceux qui avaient été décrétés génants par des factions rivales - ne saurait être exclue comme l'une des pièces de ce puzzle en train de se construire.

En attendant, le voici à récolter les juteux dividendes  de l'effet spectacle d'un tel évènement essentiellement médiatique.

 

 

Le spectacle se faisant, décidément, croustillant - pour une fois on nous jette un os qui ne pue pas la mort ; voilà qui devrait nous la faire "oublier" un temps, à en juger par les conversations que partout il alimente - nous voici, nous-mêmes, à donner de la cornemuse, avec comme un faible pour le second scénario, qui aurait toutes les chances, nous dit-on, de remporter la palme dans la cité du cinoche international.

Nous y assistons trop souvent pour ne pas créditer de toutes les chances d'un succès foudroyant cette lutte intestine entre les diverses factions, entre le Bon et le Méchant, entre celui qui dicte doctement ses préceptes, la main sur le cœur - qu'il aurait à gauche, selon les dernières instructions de montage - et celui qui ne fait qu'appliquer sans réfléchir, puisque son chèque de fin de mois lui garantit quelques soutiens nautiques pour le reconduire en ses fonctions d'histrion.

 

 

_____________________________________________

 

NOTES

 

1 - On s'intéressera, notamment, à ce twitter particulièrement rapide, au point que l'information de l'arrestation a circulé avant même d'être connaissable.

"la source du jeune militant qui travaille dans l'hôtel, mise au courant de l'affaire, ait pu "aller un peu vite en besogne en affirmant que DSK avait été arrêté à l'hôtel (alors qu'il en était seulement parti)"

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/05/15/comment-un-tweet-seme-le-doute-sur-l-arrestation-de-dsk_1522366_823448.html  

 

 

Publié dans De la Représentation

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article